### Goma : Les Ombres de l’Insécurité et les Échos de l’Impuissance
Dans la nuit du 24 au 25 octobre 2023, Goma, ville emblématique de l’est de la République Démocratique du Congo, a de nouveau été secouée par un acte de violence tragique. Un élément de la Police nationale congolaise (PNC), le major Havugimana Buzaiire Christophe, a été tué dans une fusillade sur l’avenue Kalondji, tandis qu’une femme, madame Mukankunsi Ngiramahirwe Venasia, a été blessée gravement. Ce drame, bien plus qu’un fait divers, met en lumière les défis criants auxquels est confronté le pays en matière de sécurité.
### Un État de Siège Inefficace ?
Cette tragédie se déroule dans un contexte alarmant : un état de siège, proclamé dans le but de restaurer la paix et la sécurité dans cette région de Goma, semble avoir échoué à tenir ses promesses. La société civile de Karisimbi, par la voix de son président Christian Kalamo, interpelle les autorités sur une question cruciale : où va le pays lorsque ceux qui sont censés protéger la population deviennent la cible des meurtriers ? Le témoignage poignant d’un citoyen en détresse révèle non seulement une réalité de violence chronique, mais aussi un profond sentiment d’abandon.
L’idée d’un recensement des habitants, bien que stimulante, pose la question de son efficacité dans un contexte de méfiance et de peur. Les déplacements massifs de la population, couplés à une insécurité omniprésente, rendent difficile la connaissance réelle du terrain. Ainsi, la première question à se poser serait : quelle est la fonction réelle d’un état de siège si, en dépit de son instauration, la violence continue d’infiltrer les rues de Goma ?
### Les Circonstances Floues : Qui Sont les Vrais Responsables ?
Le flou entourant les circonstances de cet incident soulève une autre problématique : celle de l’impunité qui règne dans la zone. Des sources évoquent des bandits armés non identifiés ; cependant, les récents événements, tels que l’arrestation d’un militaire et de deux civils présumés bandits, floutent davantage la frontière entre protecteurs et agresseurs. La population, en proie à la peur, se trouve piégée dans un cycle où la criminalisation des individus est à deux doigts de devenir la norme.
Les analyses comparatives avec d’autres contextes régionaux montrent que, dans de nombreux cas, une militaire et civile sont lambdas dans des situations violentes. À titre d’exemple, au Venezuela, la militarisation de la sécurité a suscité une forte contestation populaire, avec des accusations de violation des droits humains. La RDC, avec son riche passé de conflits, semble suivre une trajectoire similaire, ce qui fait craindre une crise humanitaire plus aiguë si aucune mesure significative n’est prise.
### Un Appel à l’Action Collective
Les statistiques sont révélatrices : les enquêtes sur la violence à Goma révèlent une augmentation de 30 % des actes criminels dans la région au cours des six derniers mois. Ce chiffre témoigne d’une détérioration alarmante de la situation sécuritaire. La société civile, à travers ses multiples interventions, semble se mobiliser, mais bien souvent, ces appels se heurtent à une indifférence désolante des autorités.
L’exigence d’un renforcement de la PNC évoquée par les citoyens n’est qu’un pan de la solution ; il est essentiel d’aborder également les causes profondes de l’insécurité : la pauvreté généralisée, le manque d’accès à l’éducation, et la désillusion face à un État aux ressources limitées. En effet, vouloir surveiller son voisin peut conduire à une désintégration du tissu social, où la méfiance devient la norme.
### L’Imperatif d’une Stratégie Globale et Inclusive
Le chemin vers la paix à Goma ne se résume pas à une multiplication des patrouilles policières, aussi nécessaires soient-elles. Il nécessite une approche inclusive, associant toutes les parties prenantes : gouvernement, société civile, et communauté internationale. C’est ce qu’exige l’heure ; un investissement dans les collectivités, l’éducation à la paix, et un dialogue franc avec les populations locales.
Dans le cadre de cette dynamique, une remise en question de la gouvernance actuelle et des pratiques de sécurité pourrait être nécessaire. La justice, souvent perçue comme une institution distante et inaccessibles, pourrait engendrer un climat de confiance si elle s’implique activement dans la prévention des violences et le rétablissement de l’ordre.
### Conclusion : Un Futur à Repenser
Ainsi, au-delà des chiffres et des tragédies, ce qui se joue à Goma est l’avenir même de cette région. Les défis sont colossaux, mais la volonté populaire de changement, couplée à des actions concrètes et audacieuses, pourrait bien offrir un nouvel horizon. Loin des politiques d’éradication, il semble plus pragmatique d’aspirer à une véritable réconciliation entre les forces de l’ordre et la population, car c’est là, peut-être, la seule voie pour renouer avec la paix tant souhaitée.
Les événements tragiques qui secouent Goma doivent servir de déclencheur pour une exigence de responsabilité, non seulement envers les gouvernants mais aussi au sein de chaque citoyen, appelant à la prise de conscience collective face à une insécurité qui menace de devenir endémique. La réponse à cette insécurité, plus qu’une affaire de autorités, est une affaire de société.