**Ghana : Le Projet de Cathédrale Nationale sous la Loupe du Nouveau Président Mahama**
À la croisée des chemins de l’histoire de la démocratie ghanéenne, la récente déclaration du président John Mahama concernant l’examen du projet controversé de cathédrale nationale de 400 millions de dollars a soulevé des vagues dans un pays aux prises avec des défis économiques monumentaux. Alors que l’économie ghanéenne souffre d’une crise sévère, ce projet, esquissé par l’ancien président Nana Akufo-Addo, devient le symbole d’une gestion budgétaire contestée dans un contexte où les priorités nationales crient pour être entendues.
### Une Cathédrale au Coeur de la Débâcle Économique
Le constat est sans appel : Ghana a récemment obtenu un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars du Fonds Monétaire International (FMI) pour stabiliser son économie, frappée par un taux d’inflation qui atteint 23,8%. Dans ce cadre, la décision de Mahama de revisiter le projet de cathédrale interpelle. En effet, ce dernier a absorbé jusqu’à présent 58 millions de dollars de fonds publics pour un site qui n’est finalement qu’une vaste dépression au cœur d’Accra, sans véritable avancée tangible.
La logique d’un investissement aussi colossal dans une structure religieuse, alors que le pays affronte des lacunes majeures en matière de santé et d’éducation, semble discutable. Au lieu de favoriser un projet qui aurait pu rassembler la nation à travers des valeurs spirituelles, le gouvernement semble désormais tourné vers l’urgence d’une gestion saine des ressources publiques.
### La Résurgence des Priorités Socio-Économiques
Les critiques fusent de toutes parts : avec des écoles s’effondrant, des hôpitaux sous-équipés et des taux de chômage désastreux, le peuple ghanéen semble avoir fait un choix de raison. Les voix s’élèvent, y compris parmi des législateurs de l’opposition, pour exiger l’arrêt d’un projet qui semble avoir perdu de son sens initial. Il est crucial de se demander pourquoi dédier des sommes colossales à une cathédrale, au lieu de chercher des solutions concrètes aux défis pressants comme l’accès à l’eau potable ou la réhabilitation des infrastructures publiques.
À titre de comparaison, le Rwanda, après le génocide de 1994, a choisi d’investir massivement dans l’éducation et la santé pour reconstruire sa société. Leur démarche axée sur le renouveau humain, avec un accent certain sur l’autonomisation et le bien-être social, pourrait servir de modèle aux dirigeants ghanéens. Prendre exemple sur des nations ayant surmonté des épreuves similaires pourrait éclairer la voie à suivre pour le Ghana.
### Un Projet Diviseur dans un Contexte Politisé
Le projet de cathédrale, bien que soutenu par une frange des élites politiques et religieuses, a pourtant exacerbé les tensions entre l’État, la religion et le peuple. Mahama, conscient de cette dynamique, a astucieusement réorienté le discours vers un examen de la pertinence de ce projet.
Cinq membres du conseil d’administration du projet ayant démissionné, une indication claire des dysfonctionnements internes, la construction ayant été suspendue en raison de factures impayées, ajoute à la cacophonie ambiante.
La décision de Mahama de lancer une enquête pourrait également être perçue comme une manœuvre politique calculée, répondant à un besoin de popularité dans une période cruciale alors que la confiance de la population envers les institutions publiques est mise à mal. À travers cette revue, le président pourrait espérer non seulement remettre en question l’utilisation des fonds publics, mais également regagner un soutien populaire affaibli par les réalités économiques du pays.
### Vers une Réflexion Collective
Ce débat autour de la cathédrale nationale doit servir de point de départ pour une réflexion collective sur les vraies priorités du Ghana. Au-delà de la cathédrale et de ses implications religieuses, la nation doit se projeter vers des solutions à long terme qui engagent toutes les couches de la société.
En mettant l’accent sur des domaines tels que l’éducation, la santé, et l’agriculture, et en incitant à une participation citoyenne plus forte dans les décisions publiques, le Ghana pourra transformer ses défis en opportunités.
Le projet de cathédrale nationale, sous le prisme de l’économie et des aspirations sociétales, ne devrait pas être qu’une simple construction collective, mais un témoignage de la résilience et des ambitions d’un peuple en quête d’un avenir meilleur. Le retour à des priorités fondamentales pourrait bien représenter le véritable chantier à entreprendre pour le Ghana de demain.
Ce revirement proposé par le président Mahama pourrait offrir un nouveau souffle d’espoir à un pays en pleine mutation, tout en récompensant l’investissement à long terme dans le bien-être de ses citoyens, plutôt que de céder à une vision célébratoire qui pourrait sembler, au fond, déconnectée des réalités du quotidien.