Comment l’Égypte stimule-t-elle la coopération agricole pour assurer la sécurité alimentaire en Afrique face aux défis démographiques et climatiques ?


### Vers une Agriculture d’Avenir : Les Enjeux de la Coopération Africaine en Agriculture

L’actualité agricole sur le continent africain est actuellement marquée par des débats cruciaux lors du Sommet Extraordinaire de l’Union Africaine sur le Développement Agricole, qui se déroule à Kampala, en Ouganda. Cette rencontre a attiré l’attention sur les dynamiques de coopération entre nations africaines, avec un accent particulier sur le rôle central joué par l’Égypte et son ministre de l’Agriculture et de la Réclamation des Terres, Alaa Farouk. Au-delà des simples négociations bilatérales, cette rencontre pourrait bien être le précurseur d’une transformation profonde de l’agriculture en Afrique, un domaine aux multiples facettes tant économiques que sociales.

#### Le Contexte : Une Urgence Alimentaire Grandissante

Avec une population africaine prévue d’atteindre 2,5 milliards d’ici 2050, la sécurité alimentaire est un enjeu crucial. La majorité des pays africains continue de dépendre de l’agriculture traditionnelle, souvent vulnérable aux aléas climatiques et aux fluctuations des marchés. En Côte d’Ivoire, par exemple, le cacao, pilier économique, fait face à la pression du changement climatique, qui menace non seulement les rendements, mais aussi la subsistance de millions de cultivateurs. Par ailleurs, des pays comme le Soudan du Sud, ravagés par des conflits internes, sont en proie à une insécurité alimentaire aiguë. C’est dans ce contexte que les discussions entre Farouk et ses homologues prennent toute leur importance.

#### La Dimension Égyptienne : Un Modèle à Suivre ?

Les divergences et les synergies entre les nations africaines sont marquées par des défis variés. L’Égypte, fort de son expérience dans l’irrigation et la gestion de l’eau, offre un modèle intéressant. Par le biais de la mise en avant de ses technologies de pointe et de ses centres de recherche sur l’agriculture et le désert, elle démontre comment il est possible d’optimiser les ressources d’eau dans des régions arides. Le pays possède l’un des plus importants systèmes d’irrigation au monde, basé sur le Nil, permettant de soutenir une agriculture diversifiée.

Les discussions entre Farouk et Hajarison Francois, ministre malgache de l’Agriculture et Élevage, soulignent la volonté d’apprendre des avancées égyptiennes. Cette coopération pourrait ouvrir la voie à l’amélioration des pratiques agro-pastorales, non seulement en termes de productivité, mais aussi concernant les normes de qualité et les pratiques durables qui prennent en compte la préservation des écosystèmes.

#### Une Stratégie de Développement Inclusif

Les enjeux de la coopération ne se résument pas à l’échange de données et de techniques. Une vision plus large inclut la nécessité de structurer le secteur agricole de manière intégrée, impliquant les jeunes agriculteurs et les femmes, qui représentent une part significative de la main-d’œuvre agricole en Afrique. Les discussions entre Farouk et Josephine Lagu, ministre sud-soudanaise de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, ont ainsi réfléchi à l’importance de la formation et du soutien technique. Une telle approche pourrait permettre non seulement d’améliorer la productivité, mais également de favoriser le développement économique local par le biais de l’entrepreneuriat agricole.

Dans cette optique, il convient de noter que l’agriculture en Afrique est souvent sous-financée. Selon des statistiques de l’Union Africaine, moins de 5 % du PIB des pays africains est investi dans le secteur agricole, tandis que des pays comme la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis investissent jusqu’à 20 %. Cette lacune de financement limite l’accès aux technologies modernes qui pourraient améliorer les rendements.

#### Vers une Synergie Continental

Les initiatives communes, comme celle entre l’Égypte et la République Centrafricaine pour échanger expertise et investissements, suggèrent une volonté d’aller au-delà des frontières. L’accent mis sur l’agro-industrie et la formation des professionnels agricoles pourrait transformer la perception de l’agriculture, considérée trop souvent comme un secteur de subsistance, en un acteur clé du développement économique.

Le succès de ces initiatives ne dépendra pas uniquement des engagements pris au sommet, mais aussi de la mise en place de mécanismes de suivi efficaces et d’un financement adéquat. Par ailleurs, il est crucial que ces collaborations intègrent des dimensions environnementales et sociales, afin de créer une agriculture durable et résiliente face aux changements globaux.

#### Conclusion : Une Route Semée d’Embûches, mais Prometteuse

Alors que le Sommet de Kampala se concentre sur la mise en œuvre d’un Programme Africain Global de Développement Agricole, les discussions d’Alaa Farouk avec ses homologues sont révélatrices d’une volonté collective d’innover et de coopérer. En prenant exemple sur des pays aux pratiques agricoles avancées, les nations africaines peuvent non seulement renforcer leur autonomie alimentaire, mais aussi établir des bases solides pour un développement inclusif. Alors que chaque pays navigue à travers ses défis uniques, les alliances stratégiques et les partages de connaissances se révèlent essentiels pour bâtir une agriculture d’avenir sur le continent, un enjeu qui atteint bien plus que le simple acte de cultiver la terre.