Opportunités des obligations de genre pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique


Fatshimetrie est un domaine en plein essor en Afrique, où les femmes représentent 45% des entrepreneures, le taux le plus élevé à l’échelle mondiale. Malgré ce fort potentiel, l’accès inégal au financement demeure un obstacle majeur à l’équité économique et à la croissance. Alors que les entreprises dirigées par des femmes reçoivent six fois moins de financement que celles dirigées par des hommes, cela limite leur capacité à se développer, à créer des emplois et à stimuler la croissance du PIB.

Zineb Sqalli, directrice générale et associée du Boston Consulting Group, a souligné ce problème lors d’une table ronde intitulée « Les obligations de genre et les produits mobiles innovants peuvent-ils débloquer une opportunité de 2,5 billions de dollars ? » lors du récent Sommet financier africain tenu à Casablanca, au Maroc, les 9 et 10 décembre. L’écart de financement représente une opportunité économique manquée d’une valeur estimée à 625 milliards de dollars pour le continent. Réduire cet écart pourrait débloquer un progrès transformateur.

Une des solutions potentielles réside dans les obligations de genre – des instruments financiers qui dirigent le capital vers des projets et des entreprises qui autonomisent les femmes. En parlant de l’importance de ces outils pour remodeler le paysage financier des femmes en Afrique, Sqalli a mentionné que les obligations de genre mobilisent le capital spécifiquement pour les projets qui autonomisent les femmes. Ces obligations offrent un financement sur mesure pour les initiatives dirigées par des femmes, leur permettant de développer leurs entreprises, de créer des emplois et de réinvestir dans les communautés.

Les fonds levés à travers les obligations de genre bénéficient efficacement aux entreprises dirigées par des femmes. Par exemple, Banco Davivienda en Colombie a levé 100 millions de dollars, distribués sous forme de 12 000 prêts aux entreprises dirigées par des femmes et de 84 000 prêts immobiliers pour les femmes à faible revenu. L’Asian Development Bank en Indonésie a émis une obligation de genre de 120 millions de dollars ciblant les exploitations agricoles dirigées par des femmes et les micro-entreprises, atteignant 20 000 bénéficiaires. L’African Development Bank intègre les fonds des obligations de genre dans des initiatives telles que l’AFAWA, qui soutient des milliers de PME à travers des garanties et des prêts abordables.

Dans quels secteurs les obligations de genre ont-elles montré le plus de potentiel pour autonomiser économiquement les femmes en Afrique ? L’agriculture, le commerce informel et les énergies renouvelables sont des secteurs prometteurs, où les femmes peuvent bénéficier d’investissements productifs. L’innovation technologique et digitale offre également des opportunités croissantes, les femmes exploitant les plateformes mobiles et l’e-commerce pour entreprendre, une tendance accélérée par le financement ciblé.

Le rôle de l’investissement du secteur privé dans le succès des obligations de genre en Afrique est crucial pour leur mise à l’échelle. Les investisseurs privés apportent innovation, crédibilité et scalabilité au marché, renforçant la confiance des investisseurs institutionnels et ESG. En tirant parti des obligations de genre, les banques et les entreprises peuvent attirer des financements durables tout en concevant des produits financiers accessibles pour les femmes entrepreneures.

L’Afrique est un marché unique pour les instruments financiers axés sur le genre, principalement en raison de son dynamisme entrepreneurial et de son écosystème croissant de fintech et de mobile money. Les plateformes de fintech facilitent la collecte de données sur les emprunteuses, démontrant leur fiabilité et leur solvabilité, élément clé dans la structuration des obligations de genre qui ciblent les populations sous-desservies.

Malgré tout, il existe des obstacles à l’émission d’obligations de genre en Afrique, tels que le manque de données et les lacunes réglementaires. Cependant, en surmontant ces défis, les obligations de genre peuvent jouer un rôle essentiel dans l’autonomisation économique des femmes en Afrique et catalyser une croissance inclusive et durable.