Le monde de l’informatique et de la sécurité a vu émerger dans les années 1990 une figure aussi controversée que fascinante : Julian Assange, le fondateur excentrique du site web WikiLeaks. Sa jeunesse atypique, débutant dans la ville de Townsville, en Australie, et son passé de « hacker adolescent célèbre » ont tracé le chemin d’une vie parsemée d’événements étranges et d’actions qui ont secoué les États-Unis et leurs alliés.
C’est en 2010 que Julian Assange a attiré l’attention mondiale en collaborant avec de grands médias pour divulguer des journaux de guerre et des câbles diplomatiques révélant les agissements de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, entre autres. Cette révélation a provoqué des réactions ferventes parmi ses partisans et un profond mépris chez ses détracteurs, créant un clivage net entre ceux qui le voient comme un héros persécuté, défenseur de la transparence gouvernementale, et ceux qui le dépeignent comme un traître mettant en danger des vies américaines.
Julian Assange, âgé de 52 ans, a grandi en fréquentant « 37 écoles » avant l’âge de 14 ans, selon ses dires sur un blog désormais supprimé. Son enfance mouvementée reste entourée de mystère, avec des détails biographiques parfois contradictoires. Décrit comme le fils de marionnettistes ambulants dans une biographie publiée contre sa volonté en 2011, Assange a déclaré à The New Yorker en 2010 que le style de vie nomade de sa mère l’avait privé d’une éducation stable. Dès l’âge de 16 ans, en 1987, il faisait ses premiers pas dans le hacking, pénétrant des réseaux en Amérique du Nord et en Europe avec ses amis.
En 1991, à 20 ans, Assange a piraté un terminal à Melbourne pour le compte d’une entreprise de télécommunications canadienne, ce qui a valu son arrestation par la police fédérale australienne et 31 chefs d’accusation. Après avoir plaidé coupable pour certains faits, il a évité la prison, le juge estimant que ses actes découlaient simplement d’une « curiosité intellectuelle et du plaisir de pouvoir naviguer à travers ces différents ordinateurs ».
Bien qu’ayant entamé des études en mathématiques et physique à l’université, Assange n’a pas obtenu de diplôme. En 2006, lorsqu’il fonde WikiLeaks, sa jubilation à pouvoir accéder à des systèmes informatiques verrouillés pour s’amuser s’est transformée en une conviction, exprimée sur son blog, selon laquelle « seule une injustice révélée peut trouver une réponse ; pour qu’un individu agisse de manière intelligente, il doit savoir ce qui se passe réellement ».
En 2010, WikiLeaks a publié de manière explosive un demi-million de documents sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Julian Assange se considérait comme un journaliste scientifique, offrant la possibilité aux lecteurs de vérifier les articles par les documents originaux à l’origine d’une histoire. Parmi les révélations les plus marquantes figurait une vidéo montrant une attaque d’hélicoptère Apache par les forces américaines à Bagdad en 2007, ayant entraîné la mort de 11 personnes, dont deux journalistes de Reuters.
Alors que les procureurs américains ont affirmé que les documents publiés par Assange contenaient les noms d’Afghans et d’Irakiens ayant fourni des informations aux forces américaines et coalisées, ainsi que des câbles diplomatiques exposant des journalistes, des leaders religieux, des défenseurs des droits de l’homme et des dissidents dans des pays répressifs, ce dernier a reconnu en 2010 que des sources dévoilées par WikiLeaks pourraient subir des préjudices. Suite à cette mise en garde, Assange a promis de travailler avec les médias traditionnels pour censurer les noms de ces personnes. Cependant, WikiLeaks a par la suite publié 250 000 câbles sans occulter les identités mentionnées.
Quelques semaines après cette publication, un procureur suédois a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Julian Assange, suite à des allégations de viol et de harcèlement sexuel émises par deux femmes. Assange a toujours nié ces accusations, se battant depuis la Grande-Bretagne contre son extradition vers la Suède pour être interrogé. Il considère ces poursuites comme une campagne de diffamation visant à le déplacer vers une juridiction où il pourrait être extradé vers les États-Unis.
Face à l’échec de son appel contre l’extradition vers la Suède, Julian Assange a violé sa liberté sous caution en Grande-Bretagne et s’est réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres, invoquant la
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