Dans l’effervescence de la ville de New York, une scène singulière se déroule au sein des mosquées pendant ce mois sacré de Ramadan. Ces lieux de culte se transforment en refuges pour accueillir et soutenir les migrants en quête d’un abri et d’une assistance. L’imam d’une mosquée du Bronx a pris l’initiative de convertir son propre domicile, qui abrite la mosquée, en un abri improvisé pour de nombreux migrants, principalement des hommes originaires du Sénégal.
Au milieu de ce nouveau flux migratoire qui entame sa troisième année ce printemps, certaines institutions islamiques de la « Grosse Pomme » avouent peiner à répondre aux besoins croissants de cette population migrante en constante augmentation.
Cette situation devient davantage critique pendant le mois de Ramadan, qui a débuté le 11 mars et touche bientôt à sa fin. Les leaders islamiques multiplient ainsi leurs appels aux dons auprès des fidèles pour collecter des fonds, de la nourriture, des vêtements et d’autres fournitures nécessaires.
Beaucoup de mosquées ont ouvert leurs portes aux migrants durant la journée, se transformant en centres de jour où les nouveaux arrivants peuvent trouver un endroit paisible pour se reposer et se ressourcer, souvent après une nuit agitée passée dans les rues ou le métro.
L’imam Omar Niass, qui dirige la mosquée Jamhiyatu Ansaru-Deen dans l’Est du Bronx près de Yonkers, estime que fournir un toit aux migrants fraîchement débarqués est le moins qu’il puisse faire, même si cela représente un lourd sacrifice financier. Les factures d’électricité et d’eau ont depuis longtemps dépassé sa capacité à les payer.
À New York, les 275 mosquées estimées ont été parmi les premiers lieux à ressentir l’impact de cette dernière vague de migration. Ces centres islamiques sont souvent la première escale des migrants à leur arrivée dans la ville. En retour, les leaders des mosquées orientent les migrants vers des organisations locales pour les aider à naviguer à travers les différents services gouvernementaux et autres ressources disponibles.
Cependant, de nombreuses voix s’élèvent pour souligner que compter uniquement sur la générosité des communautés religieuses, nombre d’entre elles étant déjà en difficulté financière, n’est pas viable à long terme. Il est crucial que les autorités de la ville étendent les programmes d’aide au logement aux migrants et convertissent davantage de propriétés gouvernementales vacantes en abris temporaires ou en logements à long terme.
Les responsables religieux affirment que le maire démocrate Eric Adams doit donner plus de consistance à ses appels pour que les lieux de culte s’impliquent davantage pendant cette vague migratoire, qui a déjà amené plus de 185 000 demandeurs d’asile dans la ville.
L’été dernier, le maire démocrate avait annoncé de manière retentissante un programme destiné à fournir un soutien financier, une sécurité et d’autres formes d’assistance à jusqu’à 75 églises, mosquées et synagogues qui accepteraient d’offrir un abri de nuit aux migrants. Jusqu’à présent, seulement cinq lieux de culte ont été approuvés pour aider à fournir des lits supplémentaires pour les plus de 64 000 migrants actuellement pris en charge par la ville.
Le défi pour de nombreuses institutions religieuses réside dans le fait qu’elles sont installées dans des bâtiments anciens qui ne répondent pas aux normes actuelles de sécurité incendie exigeant des systèmes d’extinction et d’autres mesures.
Pour sa part, l’imam Niass du Bronx n’a pas accordé une grande importance au programme de la ville. Il tient à souligner qu’il ne reçoit pas d’argent des hommes qui résident avec lui, contrairement aux pensions de migrants illégales et dangereusement surpeuplées que la ville a récemment fermées. Pourtant, les conditions à la mosquée restent loin d’être idéales.
Dans un récent reportage, des hommes se reposaient sur le sol de la salle de prière du sous-sol entre les cinq moments de prière de la journée. Certains se prélassaient dans un salon étriqué à l’étage en regardant la télévision, tandis que d’autres déambulaient dans la cour en béton.
Au fond de la cour, se trouvaient un hangar pour ranger les bagages et une rangée de classeurs sous une tente en toile où étaient stockées des piles de courrier de nombreux résidents actuels et passés. Sur le seuil arrière, un micro-ondes et une bouilloire électrique étaient installés pour préparer des repas simples. Près de l’allée se trouvait une toilette chimique couverte d’une grande bâche bleue qui ne masquait que partiellement les odeurs attirant des essaims de mouches.
Dans une période où la solidarité et l’entraide sont plus que jamais nécessaires, ces mosquées de New York se dressent comme des phares d’humanité offrant un réconfort bienveillant aux migrants en quête de sécurité et de soutien.