Boribana, un quartier précaire menacé de destruction à Abidjan, Côte d’Ivoire
Boribana, un quartier situé dans le district autonome d’Abidjan en Côte d’Ivoire, fait face à une menace imminente de destruction. Les autorités locales ont annoncé que les habitants de ce quartier, considéré comme occupant illégalement le domaine public, seraient « déguerpis » à partir du lundi 8 janvier. Cette décision a suscité l’indignation parmi les quelque 28 000 habitants de Boribana, qui s’opposent à la destruction de leur quartier sans aucune compensation.
Le quartier précaire de Boribana existe depuis plus de 60 ans et est devenu le foyer de nombreuses personnes qui y sont nées, y ont grandi et y ont passé leur scolarité. Situé entre la lagune Ebrié et le Quatrième pont d’Abidjan, le quartier est maintenant coincé entre ces infrastructures en développement. En effet, une partie de Boribana a déjà été détruite pour faire place au chantier du Quatrième pont. Les habitants étaient conscients que leur quartier devrait également subir des transformations dans le cadre du projet de valorisation des quartiers précaires lancé par le gouvernement, mais ils attendaient toujours le recensement de la population et l’expertise des bâtiments afin de permettre une indemnisation juste des propriétaires.
La décision de détruire Boribana suscite des inquiétudes quant au timing de cette opération. Certains habitants soupçonnent les autorités de vouloir « nettoyer » la ville avant le début de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui doit avoir lieu dans six jours. Ils estiment que cette destruction vise à embellir la ville pour l’événement sportif, mais ne prend pas en compte le sort des habitants qui se retrouveront sans logement. Ils demandent donc au gouvernement de revoir sa position et de proposer des solutions de relogement.
Face à cette situation, les habitants de Boribana ont exprimé leur refus de quitter leur quartier et ont même annoncé leur détermination à rester, quitte à dormir dans la rue. Ils affirment que personne ne décide de naître pauvre et qu’ils ont également des droits en tant que citoyens ivoiriens.
Il est essentiel pour les autorités de considérer les préoccupations et les besoins des habitants de Boribana dans cette situation délicate. La destruction d’un quartier précaire ne peut pas se faire sans prendre en compte les droits des habitants et sans proposer des solutions de relogement adéquates. Il est important de trouver un équilibre entre le développement du pays et le respect des droits des citoyens. La situation de Boribana met en lumière les défis auxquels font face de nombreux quartiers précaires dans les villes africaines et souligne la nécessité de mettre en place des politiques de développement urbain inclusives et respectueuses des droits des habitants.