« Lutte pour la préservation des semences indigènes : les agriculteurs kényans en guerre contre une loi controversée »

Révolution au Kenya : Les agriculteurs se mobilisent pour défendre les semences indigènes

Le 16 octobre 2023, une requête historique a été déposée devant la justice kényane par quinze agriculteurs engagés. Ces derniers souhaitent amender une loi controversée qui criminalise l’usage, la vente ou le troc de semences indigènes non-certifiées. Cette loi, introduite en 2021, peut entraîner des peines allant jusqu’à 2 ans de prison et 6 800 dollars d’amende pour les contrevenants.

La particularité de cette loi est qu’elle va à l’encontre des réalités et des pratiques agricoles au Kenya. En effet, près de 90% des récoltes dans le pays sont issues de semences indigènes, transmises de génération en génération. Les agriculteurs kényans se basent depuis toujours sur ces semences locales, adaptées aux conditions environnementales du pays.

Parmi les agriculteurs qui ont déposé la requête, Francis Njiri, propriétaire d’une ferme dans le comté de Nakuru, soulève une question cruciale : pourquoi une loi devrait-elle restreindre leur droit de profiter des ressources naturelles dont ils disposent ? Selon lui, ces semences indigènes font partie intégrante du patrimoine agricole kényan et leur utilisation est un droit inscrit dans la Constitution.

Outre la question du droit des agriculteurs, la loi sur les semences et variétés végétales pose également des problèmes économiques. En effet, se conformer à cette loi implique pour les agriculteurs de faire certifier leurs semences ou de les acheter déjà certifiées, ce qui représente des coûts élevés pour la plupart d’entre eux. De plus, cela risque de conduire à une uniformisation des variétés cultivées et à un appauvrissement de la biodiversité agricole.

Elizabeth Atieno, membre de Greenpeace Kenya, souligne l’importance des semences indigènes dans la résilience des cultures face aux conditions environnementales difficiles telles que les longues périodes de sécheresse. Elle plaide donc pour que les agriculteurs puissent continuer à travailler avec ces semences, afin de garantir la souveraineté alimentaire du pays à l’avenir.

Il est important de souligner que l’agriculture familiale représente 70% de la production agricole au Kenya. Les mesures restrictives concernant les semences indigènes pourraient donc avoir un impact considérable sur la vie des agriculteurs et sur la sécurité alimentaire du pays.

Cette requête déposée devant la justice est une véritable révolution dans le domaine agricole kényan. Elle met en lumière les enjeux liés à la préservation des semences indigènes, à la fois sur le plan économique, environnemental et social. Une affaire à suivre de près, car elle pourrait ouvrir la voie à de nouvelles législations plus adaptées à la réalité et aux besoins des agriculteurs kényans.