L’Affaire Glencore : quand la corruption ternit l’image du Cameroun
Depuis plusieurs semaines, l’affaire Glencore secoue la gouvernance du Cameroun en matière de pétrole, gaz et minerais. Ce géant anglo-suisse du négoce de matières premières, condamné récemment aux États-Unis et au Royaume-Uni, a avoué avoir corrompu des fonctionnaires camerounais pendant plus de dix ans dans le but d’obtenir des contrats ou d’éviter des audits. Deux sociétés étatiques, la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et la Société nationale de raffinage (Sonara), sont notamment impliquées dans ce vaste système international de corruption.
Cette affaire a eu un retentissement mondial et a mis en lumière les lacunes de la gouvernance dans le secteur des industries extractives au Cameroun. En 2021, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) avait pourtant noté des « progrès significatifs » et formulé des recommandations. Mais depuis cette évaluation, l’affaire Glencore a plongé le pays dans une crise de confiance.
L’Itie, au niveau international, a appelé les gouvernements concernés, dont celui du Cameroun, à agir rapidement et à prendre les mesures adéquates pour mettre fin à la corruption. Cependant, jusqu’à présent, aucune mesure n’a été prise au Cameroun dans le cadre de cette affaire. La SNH et la Sonara, malgré les aveux de Glencore quant au versement de pots-de-vins, attendent toujours des preuves de leur implication.
Face à ces révélations, la société civile camerounaise demande au gouvernement de tout mettre en œuvre pour établir les responsabilités et de prendre des mesures pour réparer les torts causés par cette affaire. Selon elle, l’image du pays a été ternie et l’État a subi des pertes financières considérables.
Lors d’une réunion du comité national de l’Itie Cameroun en août dernier, cette affaire a été abordée longuement. La société civile a insisté sur la nécessité pour le gouvernement de mener des investigations approfondies afin de faire la lumière sur cette affaire.
La SNH a affirmé avoir saisi les juridictions britannique et américaine pour obtenir des preuves et des noms des agents incriminés. Elle a également demandé à l’Itie International de l’aider à lever la clause d’anonymat opposée par Glencore. De son côté, la Sonara renvoie toute préoccupation au siège londonien de Glencore Exploration Cameroun.
La présidence camerounaise a indiqué avoir été saisie par l’administrateur-directeur-général de la SNH, qui a demandé l’ouverture d’une enquête. Cependant, aucune précision n’a été donnée quant à l’avancement de cette enquête.
Les organisations de la société civile membres du comité Itie Cameroun appellent les autorités à entreprendre des démarches auprès de Glencore pour obtenir des compensations, à l’instar de ce qu’a déjà fait la République démocratique du Congo. En effet, dans le cadre d’un accord, Glencore s’est engagé à verser 180 millions de dollars à la RDC.
Cette affaire Glencore souligne l’importance pour le Cameroun de renforcer la transparence et la gouvernance de son secteur des industries extractives. Il est essentiel de mettre en place des mécanismes de contrôle et de lutter activement contre la corruption afin de préserver l’image du pays et de garantir des revenus justes et équitables pour l’État. La prise de mesures concrètes est primordiale pour rétablir la confiance des investisseurs et assurer la prospérité économique du pays.