« Presse privée au Congo : en danger de disparition, vers une solution financière ? »

La presse privée congolaise est confrontée à de nombreux défis qui mettent en péril son existence. Au cours de la dernière décennie, une trentaine d’hebdomadaires ont dû fermer leurs portes faute de moyens financiers et de subventions. Les promoteurs de ces journaux réclament la mise en place d’une redevance audiovisuelle (RAV) élargie à la presse privée pour les aider à survivre.

La situation est particulièrement difficile pour les vendeurs de journaux, comme Dany, qui tient un kiosque en plein centre-ville de Brazzaville. Il témoigne de la disparition progressive des hebdomadaires de son kiosque, tels que Le Souverain, Les Echos du Congo, Le Défi Africain, Le Baobab, L’Observateur, Le Choc, La Rue meurt, pour ne citer que quelques exemples. Cette disparition a un impact économique direct sur les vendeurs de journaux qui voient leurs revenus diminuer.

Les journaux qui ont réussi à survivre, comme Tam-Tam d’Afrique, ont longtemps dépendu de leurs maigres recettes provenant de la vente et de la publicité. Mais selon le journaliste Arsène Séverin, cette politique est risquée étant donné la réduction du marché de la presse privée. Il souligne également que les nouveaux journaux en lice manquent cruellement de financements et ont du mal à constituer un capital suffisant pour leur fonctionnement.

Ce constat est partagé par Asie Dominique de Marseille, spécialiste du secteur, qui souligne que les journaux privés sont souvent financés par des hommes politiques. Lorsque ces derniers décident de retirer leur soutien financier, les journaux en pâtissent et sont contraints de fermer.

Dans cette situation précaire, Jean Clotaire Himbou, secrétaire général de l’Association des éditeurs de presse du Congo, plaide en faveur de l’extension de la redevance audiovisuelle à la presse privée. Cependant, il est sceptique quant à sa mise en place, car actuellement, cette redevance alimente la masse commune sans que les ayants-droits en bénéficient régulièrement. L’Association congolaise des droits des consommateurs a même récemment appelé à l’abrogation de cette loi instituant la RAV, soulignant le besoin d’une réforme plus équitable.

Pour sauver la presse privée congolaise et lui permettre de continuer à jouer son rôle essentiel dans la démocratie et l’information de la population, il est urgent de trouver des solutions durables pour assurer son financement. L’extension de la redevance audiovisuelle pourrait être une piste intéressante, à condition que les fonds soient réellement alloués à la presse privée et utilisés de manière transparente. Il est également important de diversifier les sources de financement et d’encourager les initiatives locales pour assurer la pérennité de la presse privée congolaise.