La crise humanitaire à l’est de la République Démocratique du Congo prend de l’ampleur. Elle a entrainé la fuite de milliers de familles qui se sont réfugiées dans des camps de déplacés, tels que Bulengo, situé à près de deux kilomètres de Mugunga, dans la périphérie ouest de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
Les habitations du camp de Bulengo sont faites de bâches et de bric et de broc, s’étalant sur un mètre carré en moyenne. Elles accueillent des milliers de familles qui ont fui la violence des rebelles du M23. Ces conditions sanitaires précaires ont engendré une crise humanitaire sans précédent dans cette région de la RDC.
Les humanitaires qui travaillent à Mugunga ont expliqué que la plupart des personnes déplacées à Bulengo viennent de villages de Masisi. C’est là qu’une grande partie des violences ont été enregistrées, les familles fuyant l’avancée du M23.
Il faut souligner que le camp de Bulengo est divisé en 426 blocs, où chaque bloc contient 60 ménages de déplacés. Chaque ménage a droit à un abri d’un mètre carré, capable d’accueillir jusqu’à cinq personnes.
Jacqueline Ndaisanimana, mère de cinq enfants, trouve ses propres raisons de rester optimiste : « L’important est de trouver un endroit pour mettre sa tête, loin des bruits de bottes et des coups de balles des rebelles ». Bien qu’ils cherchent la sécurité, les déplacés sont confrontés à de multiples problèmes tels que la famine, les épidémies de choléra et de rougeole, ainsi que les violences sexuelles.
La promiscuité et le manque d’infrastructures d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène constituent la principale cause des épidémies de choléra et de rougeole dans le camp. De nombreux enfants et femmes en souffrent. Depuis mars, Bulengo est confronté à deux épidémies, la première déclarée le 7 mars et la seconde le 5 avril. La première concerne le choléra, la seconde la rougeole.
Pour répondre à cette situation d’urgence, MSF a installé une clinique au cœur du camp pour soigner les patients. Les tentes, qui peuvent accueillir plus de 200 lits, sont utilisées pour traiter les patients atteints du choléra et de la rougeole. Les enfants de moins de 10 ans, qui n’ont jamais été vaccinés contre la rougeole, sont les plus touchés par cette épidémie.
Le Dr. Destin Bishane, point focal médical de MSF, rappelle que la situation est critique : « Jusqu’à 200 cas de choléra enregistrés en une seule journée au mois de mars (période de pic) ». Pour le choléra, MSF a pris en charge 3 148 cas dont 40 % sont des enfants.
En somme, la crise humanitaire à l’est de la RDC est une crise sans précédent. Des milliers de familles ont fui leur village pour se réfugier dans des conditions de vie précaires dans le camp de Bulengo et dans d’autres camps situés aux alentours de Goma. La promiscuité et le manque d’infrastructures sanitaires sont à l’origine de la propagation de maladies comme le choléra et la rougeole, touchant principalement les enfants et les femmes. Les organisations humanitaires, notamment MSF, travaillent sans relâche pour apporter une assistance médicale à ces populations vulnérables.