La République Démocratique du Congo propose la création de zones spéciales de bois d’énergie pour une gestion durable des ressources forestières.

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### Zones Spéciales de Bois d’Énergie en RDC : Vers une Gestion Durable de la Ressource ?

La République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à un carrefour décisif en matière de gestion de ses ressources forestières. La récente recommandation portant sur la création de zones spéciales de bois d’énergie, exprimée lors de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, soulève de nombreuses questions sur la durabilité et la gestion des forêts congolaises. Cette initiative, portée par l’organisation « Juriste pour l’environnement » (Jurec), ouvre le débat sur l’accès aux ressources ligneuses, la préservation des écosystèmes et les enjeux socio-économiques qui en découlent.

#### Une Consommation Énergétique Majoritairement Non Durable

La RDC est l’un des pays au monde où le bois reste la principale source d’énergie pour la population. Selon le professeur Augustin Nge, expert en bois d’énergie, plus de 90 % du bois consommé provient de sources non durables, mettant en péril la santé de ses écosystèmes. La déforestation ainsi causée contribue non seulement à la perte de biodiversité, mais aussi à des conséquences climatiques néfastes. Que signifie réellement cette dépendance au bois non durable pour l’avenir du pays ? Comment peut-on envisager une transition vers des pratiques énergétiques plus durables tout en respectant les besoins des communautés locales ?

#### Zones Spéciales : Un Paradigme à Réévaluer

L’idée de créer des zones spéciales de bois d’énergie vise à répondre à l’urgence d’organiser la filière de production de bois. En planifiant la production et en identifiant des sites appropriés, on espère non seulement conserver les forêts, mais également créer des emplois dans un pays où le taux de chômage est élevé. Toutefois, cette proposition soulève des interrogations sur l’efficacité de telles zones : peuvent-elles réellement garantir une gestion durable sans nuire à ceux qui dépendent des ressources forestières pour leur survie ?

La gestion des ressources naturelles en RDC est souvent marquée par un manque de transparence et des pratiques opaques. Le défi consiste à trouver un juste équilibre entre les impératifs économiques et les besoins de préservation. Les recommandations visant à restreindre l’accès libre aux ressources ligneuses, comme exprimées par Mme Brigitte Mbuyi, pourraient être perçues comme nécessaires pour encadrer l’exploitation, mais elles doivent être mises en œuvre avec prudence. Un accès contrôlé doit s’accompagner d’une sensibilisation des communautés locales aux enjeux de durabilité.

#### Un Appel à l’Engagement des Communautés

La préservation des forêts dans le contexte congolais ne peut se limiter à des mesures techniques ou législatives. L’implication des communautés est essentielle. M. Kevine Mombenga Ekosa, avocat spécialisé en droit de l’environnement, souligne l’importance du rôle des ONG dans la sensibilisation des communautés. Celles-ci doivent s’approprier les projets qui les concernent, afin de garantir une intégration harmonieuse des initiatives énergétiques avec leurs droits et besoins.

Il est crucial de poser la question suivante : comment assurer que les voix des communautés locales soient réellement entendues dans le cadre de la création des zones spéciales de bois d’énergie ? Des mécanismes de consultation inclusifs doivent être établis pour éviter que ces zones ne soient perçues comme une imposition, mettant à mal la dynamique sociale existante.

#### Vers un Avenir Durable

Alors que la RDC cherche à moderniser sa gestion des ressources forestières, le chemin vers la durabilité est semé d’embûches. La création de zones spéciales de bois d’énergie pourrait constituer une part de la solution, mais elle ne saurait être suffisante à elle seule. Un plan d’action multidimensionnel, intégrant la sensibilisation des citoyens, le renforcement des capacités locales et l’adhésion des acteurs économiques, sera essentiel.

En conclusion, la gestion des ressources forestières en RDC nécessite une approche nuancée, prenant en compte les dimensions environnementales, économiques et sociales. La création de zones spéciales de bois d’énergie offre une piste prometteuse, mais elle doit être accompagnée d’un véritable engagement envers les communautés locales et d’une volonté politique forte en faveur de la durabilité. C’est cette approche collective qui pourrait ouvrir les portes d’un avenir où la préservation des forêts et le développement socio-économique du pays ne seraient plus en opposition, mais bien en synergie.

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