Lancement de l’opération de démolition des constructions anarchiques à la Baie de Ngaliema à Kinshasa, un enjeu pour l’urbanisme durable et la protection de l’environnement.

### La démolition des constructions anarchiques à la Baie de Ngaliema : enjeux et perspectives

Le 7 juin, le gouvernement provincial de Kinshasa a lancé une opération de démolition des constructions jugées anarchiques à la Baie de Ngaliema, une initiative qui s’inscrit dans une démarche plus large intitulée « Retour à la norme », orchestrée par le ministère provincial de l’Environnement. À première vue, cette action pourrait être perçue comme un acte déterminé pour restaurer l’ordre urbanistique et protéger l’environnement. Cependant, elle soulève des interrogations plus profondes sur la gestion urbaine, l’accès au logement et les conséquences sociales de telles mesures.

#### Contexte urbanistique et environnemental

Kinshasa, capitale d’une République démocratique du Congo qui fait face à une urbanisation rapide, souffre des effets des constructions anarchiques. Beaucoup de ces édifices sont érigés dans des zones sensibles, mettant en péril à la fois l’environnement et la sécurité des habitants, particulièrement en période de pluies. Selon les autorités, la démolition des habitations situées dans un rayon de 100 mètres du lit du fleuve Congo vise à éviter les inondations récurrentes qui affectent la population.

De ce point de vue, le projet semble légitimé par les préoccupations environnementales. Toutefois, la question qui se pose est celle de l’équilibre entre les exigences de protection environnementale et la nécessité de logement pour une population en forte croissance. En effet, de nombreux habitants se retrouvent dans des situations précaires, souvent à la recherche d’un toit dans un contexte de besoin économique crucial.

#### Conséquences sociales et économiques

Il est essentiel d’explorer les implications sociales de cette mesure. Si le gouvernement affirme vouloir libérer des espaces publics, il est également crucial de considérer le sort des familles qui ont bâti leur vie sur ces terrains sur lesquels elles se sont installées. Quels dispositifs d’information et de soutien sont prévus pour accompagner ces démolitions ? Existe-t-il des solutions de relogement pour ces personnes, ou se trouve-t-on face à un transfert de la précarité plutôt qu’à sa résolution ?

Plusieurs habitants de Kinshasa, déjà confrontés à de nombreux défis économiques, risquent d’être plongés dans une situation encore plus délicate. Les recherches d’alternatives leur sont souvent limitées, et la pauvreté, l’accès à l’éducation ou aux soins de santé pourrait ainsi être aggravé. Une approche plus intégrée, tenant compte des besoins socio-économiques de la population, pourrait-elle permettre de trouver une meilleure balance entre développement urbain et bien-être communautaire ?

#### Vers une urbanisation durable

Au-delà des critiques qu’on peut formuler à l’égard de cette mesure, il est pertinent de se demander quelles sont les alternatives possibles pour une urbanisation durable. Quels canaux de consultation ont été mis en place pour impliquer les citoyens dans les décisions qui les concernent directement ? La participation de la communauté pourrait être un élément clé pour éviter des tensions et créer des solutions adaptées à leurs besoins.

De plus, il pourrait être utile d’explorer des modèles de développement urbain qui associent régularisation des constructions, amélioration des infrastructures et protection de l’environnement. Par exemple, la mise en place de zones de développement légal, accompagnée d’un soutien pour la construction durable, pourrait offrir une solution proactive face aux constructions anarchiques.

#### Conclusion

L’action lancée par le gouvernement provincial de Kinshasa est révélatrice des enjeux complexes qui entourent l’urbanisation et la gestion des ressources naturelles dans des contextes fortement peuplés. Si l’objectif de protéger l’environnement et de prévenir les inondations est louable, il est essentiel de prendre en compte les dimensions sociales et humaines qui l’accompagnent.

Le défi consiste à promouvoir un développement harmonieux et inclusif, où les préoccupations écologiques ne supplantent pas celles des citoyens. À l’avenir, une approche collaborative et bienveillante pourrait s’avérer bénéfique pour restaurer l’ordre urbanistique sans sacrifier la dignité et les droits des populations. Comment réussir à établir cette synergie entre les exigences environnementales et les besoins de logement ? Cela pourrait être la clé d’un Kinshasa plus résilient et plus juste.

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