**La pêche à São Tomé et Príncipe : entre tradition et enjeux de développement**
À l’aube, lorsque le soleil commence à peine à se lever sur l’île de Príncipe, Paula Afè Do Espiritu Afonso se rend sur la plage de son village d’Abade. Comme tant d’autres, elle attend le retour des pêcheurs qui ont passé la nuit en mer. La richesse des eaux du Golfe de Guinée se manifeste à travers le petit flot de poissons pêchés : bonito, barracuda, pargo, vermelho et corvina. Ces poissons, au-delà de constituer un aliment quotidien pour les habitants, représentent aussi une part importante de l’économie de la nation insulaire.
La pêche joue un rôle vital dans la chaloupe sociale et économique des îles de São Tomé et Príncipe. Elle constitue le principal moyen d’approvisionnement en protéines pour la population et un soutien économique essentiel pour de nombreuses familles. Le secteur, considéré comme artisanal, génère des emplois pour des milliers de personnes, et au-delà de la simple subsistance, il revêt un potentiel de croissance économique significatif.
### La dynamique du secteur de la pêche
La démarche de Paula, qui ne se limite pas à la simple vente de poissons dans son village, illustre une dynamique collective essentielle. En s’associant avec d’autres femmes du voisinage, elle participe à un groupe de poissonnières qui met en commun ses ressources pour couvrir les coûts et épargner. Cette forme d’organisation est un aspect fondamental de l’économie locale, qui pourrait être renforcé par des initiatives comme celles soutenues par la FAO à travers le programme FISH4ACP.
Ce programme met l’accent sur les chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture, tout en cherchant à minimiser les impacts négatifs sur l’environnement. Il cherche à renforcer la position des petites et moyennes entreprises, contribuant ainsi à améliorer la durabilité sociale et économique du secteur, en particulier pour les femmes et les jeunes.
### Enjeux économiques et sociaux
Le monde de la pêche est souvent perçu à travers le prisme de la subsistance, mais il est essentiel de considérer également ses dimensions commerciales. La majorité des poissons pêchés par Paula et ses collègues sont destinés aux marchés de São Tomé, la capitale, où les échanges sont plus dynamiques. Cependant, la relative isolation géographique des îles complique l’accès à des marchés d’exportation plus vastes. Ce constat soulève des questions cruciales sur les infrastructures et les facilités de transport qui pourraient faire défaut, freinant ainsi le potentiel économique du secteur.
Aussi, bien que le Banco Internacional de São Tomé e Príncipe (BISTP), dirigé par Francisco Piedade, soit prêt à soutenir financièrement ces initiatives groupées de poissonnières, il reste à définir comment ces financements peuvent être optimisés pour véritablement bénéficier aux acteurs locaux. Quelle est la portée des projets de développement mis en place, et dans quelle mesure répondent-ils aux préoccupations spécifiques des pêcheurs artisanaux ?
### Vers une pêche durable
Dans le cadre des efforts pour améliorer le secteur, il est crucial de veiller à l’équilibre entre exploitation économique et conservation des ressources naturelles. Les pêcheurs de São Tomé et Príncipe doivent naviguer entre la nécessité de développer leur activité et celle de préserver un environnement marin fragile face à des pressions croissantes telles que la surpêche ou les effets des changements climatiques.
L’avenir de la pêche dans ce pays insulaire repose donc sur plusieurs piliers. En premier lieu, le renforcement des capacités, par le biais de formations et d’accompagnement technique pour les pêcheurs et les acteurs du secteur de la transformation. Ensuite, un soutien à l’infrastructure, notamment en matière de transport et de communication, permettra d’ouvrir de nouveaux marchés. Enfin, la sensibilisation à la durabilité et à la préservation des ressources maritimes contribuerait à éviter la dégradation des écosystèmes.
### Conclusion : un avenir à bâtir
La pêche à São Tomé et Príncipe est plus qu’un simple moyen de subsistance. Elle est au cœur du tissu social et économique de ces îles, offrant des opportunités de développement tout en posant des défis multiples. Entre tradition et besoins économiques contemporains, Paula et ses collègues illustrent une voie possible pour un avenir durable et équitable.
En envisageant une progression harmonieuse du secteur, il sera nécessaire d’instaurer un dialogue constructif entre les acteurs locaux, les institutions financières et les organismes de développement, afin de ne pas perdre de vue l’objectif fondamental : garantir des conditions de vie dignes et durables pour les générations présentes et futures.