### Suspension partielle de la gratuité des soins : une crise annoncée dans les structures sanitaires congolaises
Le 29 mai 2025, plusieurs structures sanitaires confessionnelles, dont l’Église du Christ au Congo (ECC), l’Église kimbanguiste, l’Armée du Salut, et le Bureau diocésain des œuvres missionnaires (BDOM) de l’Église catholique, ont annoncé la suspension partielle de la gratuité des soins, visant principalement les consultations et accouchements à partir du 5 juin 2025. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions financières grandissantes et révèle des failles dans le système de santé publique en République Démocratique du Congo (RDC).
#### Contexte et enjeux
Cette suspension survient alors que ces établissements participaient à un programme de gratuité des accouchements lancé en septembre 2023 par le président Félix Tshisekedi. Ce programme, qui s’inscrit dans la volonté de promouvoir la couverture santé universelle en RDC, est essentiel pour améliorer l’accès aux soins de santé maternelle et infantile dans la capitale, Kinshasa. Le principe de base est prometteur : offrir des soins gratuits pour réduire la mortalité maternelle et infantile, mais la réalité des structures de santé en RDC rencontre des difficultés évidentes.
Les raisons invoquées par les établissements confessionnels pour justifier leur décision sont alarmantes. Les arriérés de paiement de huit mois par le gouvernement pour des factures liées aux accouchements, aux consultations prénatales, ainsi que des problèmes d’approvisionnement en médicaments dus à des retenues de fonds, mettent en lumière une crise financière qui menace la continuité des soins.
#### Une décision réfléchie mais préoccupante
La décision de suspendre partiellement les services gratuits ne doit pas être interprétée comme un simple choix économique. Elle exprime en réalité le désespoir des structures de santé face à des retards de financement qui compromettent leur capacité à fonctionner correctement. En optant pour cette suspension, les responsables des hôpitaux tentent d’attirer l’attention des autorités sur les enjeux cruciaux auxquels ils font face. Cela soulève plusieurs questions sur la viabilité du système de santé congolais et sur l’engagement de l’État envers la couverture santé universelle.
Les conséquences de cette suspension pourraient être graves : si les soins deviennent payants, cela risque d’exclure une partie significative de la population la plus vulnérable qui dépendait de la gratuité pour accéder à des soins vitaux. En effet, il est essentiel de réfléchir sur la capacité des ménages congolais à couvrir ces coûts additionnels, au moment où de nombreux foyers luttent déjà contre les difficultés économiques.
#### Vers des solutions durables
La situation actuelle appelle à une réflexion plus profonde sur le financement des soins de santé en RDC. Quelles mesures peuvent être mises en place pour garantir le paiement des services rendus et éviter que des institutions essentielles à la santé publique ne se trouvent à court d’options financières? Un dialogue ouvert entre le gouvernement et les structures confessionnelles, ainsi qu’un suivi rigoureux des fonds alloués à la santé, semblent indispensables.
Des modèles de financement innovants pourraient également être explorés, comme l’augmentation de la contribution du gouvernement ou des partenariats avec des organisations internationales qui pourraient apporter des ressources supplémentaires.
#### Conclusion
La suspension partielle de la gratuité des soins par les structures sanitaires en RDC ne doit pas seulement être perçue comme une problématique de gestion financière mais comme une alerte concernant la nécessité de réformer le système de santé. Par la mobilisation de toutes les parties prenantes – gouvernement, structures sanitaires, et populations – il est possible de construire un système de santé plus résilient et équitable pour l’ensemble des Congolais. Dans cette quête, la communication, la transparence et une volonté politique affirmée seront des atouts majeurs. En dépassant les enjeux immédiats, l’objectif doit être d’assurer un accès durable aux soins pour tous, respectant ainsi le principe fondamental de la couverture santé universelle.