Cinquante ans de la Cédéao : un bilan des avancées et des défis pour l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.

Le cinquantième anniversaire de la Communauté économique des États de l
### Cinquante ans de la Cédéao : Un regard sur l’héritage et les défis de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest

Le 28 mai 1975, à Lagos, les leaders de quinze nations ouest-africaines posaient la première pierre d’une ambition régionale : la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ou Cédéao. Cet accord, issu de collaborations et de discussions souvent compliquées, visait à favoriser l’intégration économique et à promouvoir la coopération entre des pays récemment indépendants, marqués par des conflits mais également par des aspirations communes. Cinquante ans plus tard, il est utile de réfléchir non seulement à ce qui a été accompli, mais aussi aux nombreux défis qui subsistent.

#### Contexte historique et motivations de l’intégration

La Cédéao a pris forme dans un contexte politique complexe. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, de nombreux États ouest-africains luttaient pour se stabiliser après des décennies de colonisation et de bouleversements internes. Les dirigeants comme le général Yakubu Gowon du Nigeria et Gnassingbé Eyadéma du Togo ont compris que l’union et la collaboration seraient essentielles pour construire des économies plus résilientes et des sociétés pacifiques. L’un des points cruciaux de leur réflexion était de créer un cadre où les nations pouvaient dialoguer pour résoudre leurs différends.

Yaouza Ouro Sama, greffier en chef à la Cour de Justice de la Cédéao, nous rappelle que ce traité a donné un cadre nécessaire pour la discussion entre des États parfois rivaux. Pourtant, la question demeure : l’intégration économique suffisait-elle à apaiser les tensions militaires et politiques ?

#### Les avancées de la Cédéao

Parmi les réussites notables, la libre circulation des personnes est l’un des acquis majeurs. Ce droit a permis à des millions d’Ouest-Africains de voyager plus facilement à travers les frontières, favorisant ainsi des échanges économiques, culturels et sociaux. Cependant, les habitudes anciennes persistent. Comme l’évoque Tony Luka Elumelu, ancien officier d’immigration, la notion même de passeport a longtemps été secondaire dans les déplacements régionaux. Cela soulève une question : la mise en place de lois et de réglementations est-elle suffisante pour changer des comportements enracinés dans des pratiques historiques ?

De plus, au fur et à mesure de son évolution, la Cédéao s’est mise au diapason des besoins contemporains, notamment avec l’émergence des technologies numériques. Pourtant, ces innovations amènent leur lot de défis, notamment en matière de cyber-sécurité et d’inégalités d’accès à la technologie au sein des États membres.

#### Les défis contemporains

Malgré ses avancées, la Cédéao fait face à des critiques. Les problèmes d’insécurité, de coups d’État récents, et les crises économiques fragilisent non seulement l’idée d’unité régionale, mais questionnent également l’efficacité des structures de gouvernance mises en place. Dans un environnement où plusieurs pays traversent des crises politiques ou des tensions ethniques, comment la Cédéao peut-elle garantir la paix et la stabilité ?

L’affrontement entre les initiatives d’intégration économique et les réalités politiques demeure une préoccupation centrale. La régularisation des frontières et la prévention des conflits sont des objectifs longuement souhaités. La question de la volonté politique des États membres à céder une partie de leur souveraineté au profit d’une autorité régionale reste cruciale.

#### Vers un avenir inclusif et dynamique

À l’aube de son cinquantenaire, la Cédéao paraît se retrouver à la croisée des chemins. Le défi consiste désormais à renouveler son engagement pour la paix, la sécurité et l’intégration économique dans un cadre qui respecte les diversités locales tout en promouvant des politiques inclusives. Cela se traduira par une plus grande collaboration, non seulement entre les gouvernements, mais également avec les ONG, les entreprises, et les citoyens.

À l’approche de nouveaux défis tels que le changement climatique, les migrations ou les crises alimentaires, l’union des États devra être renforcée par des initiatives visant à stimuler l’agriculture, améliorer l’éducation et développer des infrastructures locales. L’adaptation aux réalités mouvantes de la société moderne est essentielle pour que la Cédéao continue de jouer un rôle significatif dans l’avenir de l’Afrique de l’Ouest.

En conclusion, le cinquantenaire de la Cédéao ne doit pas seulement être perçu comme une célébration des réussites passées, mais plutôt comme une opportunité d’introspection pour mieux comprendre ses défis et ses enjeux futurs. La route vers une intégration régionale véritable et efficace est encore à tracer, mais des ponts sont possibles à construire pour relier les aspirations des États membres à une vision commune de paix et de prospérité.

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