Le projet de Loi de Finances rectificative 2025 de la RDC présente des enjeux économiques et sociaux dans un contexte marqué par des incertitudes.

Le projet de Loi de Finances rectificative 2025 de la République Démocratique du Congo, présenté par le Ministre du Budget, soulève des enjeux significatifs tant sur le plan économique que social. En réponse à une conjoncture marquée par des défis internes et externes, ce budget est décrit comme un « budget de combat », mais son équilibre précaire entre la sécurité, la croissance et les priorités sociales mérite une attention particulière. Au sein de ce cadre, la question de la soutenabilité budgétaire se pose, notamment face à une dépendance accrue aux financements externes et à une pression fiscale en recul. Alors que les chiffres avancés par le gouvernement pourraient sembler prometteurs, leur pertinence dans un environnement aux nombreuses incertitudes invite à une réflexion nuancée sur la capacité du pays à construire un avenir stable et inclusif.
**Analyse du Projet de Loi de Finances Rectificative 2025 de la République Démocratique du Congo : Vers une Soutenabilité Budgétaire ?**

Le récent projet de Loi de Finances rectificative 2025, porté par le Ministre d’Etat, Ministre du Budget, Aimé Boji Sangara, suscite un intérêt particulier à la fois pour son ampleur et pour les implications qu’il pourrait avoir sur la situation économique et sociale en République Démocratique du Congo (RDC). Présenté comme un « budget de combat », il semble répondre à plusieurs défis majeurs auxquels le pays est confronté, tout en respectant les engagements auprès des institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale.

**Contexte Macroéconomique : Une Croissance Éclairée… Ou Illusoire ?**

Le projet budgétaire se veut équilibré, avec des recettes et des dépenses prévues à 50.691,8 milliards de Francs congolais, soit environ 17,2 milliards de dollars américains. Malgré une légère baisse par rapport au budget initial de 2025, l’objectif de maintenir un équilibre soulève des interrogations sur la viabilité de cette approche face à un environnement économique complexe.

Le Ministre a mentionné des indicateurs tels qu’une croissance du PIB estimée à 5,3% et un taux d’inflation moyen de 8,8%. Ces chiffres sont, certes, encourageants en théorie, mais il convient de s’interroger : ces prévisions reposent-elles sur des bases solides, ou sont-elles plus une aspiration qu’une réalité tangible, surtout dans un pays où les impacts des crises internes et externes peuvent rapidement déstabiliser ces prévisions ?

La pression fiscale, en chute de 15,1% à 12,5%, indique une baisse des recettes courantes, ce qui soulève une question cruciale : comment compenser cette baisse sans aggraver les contraintes sur une population déjà fragilisée ? Cela rappelle la nécessité de diversifier les sources de revenus de l’État afin de limiter la dépendance à un système fiscal en déclin.

**Les Orientations Budgétaires : Entre Priorités Sociales et Sécuritaires**

Le concept d’un « budget de combat » pour la RDC trouve un écho particulier dans le renforcement des crédits pour le secteur de la défense et de la sécurité, surtout au regard des tensions sécuritaires persistantes dans l’est du pays. Toutefois, cette approche interroge également la place réservée aux dépenses sociales. Le texte mentionne des efforts pour la gratuité de l’enseignement primaire et des soins de santé, deux préoccupations majeures pour la majorité de la population.

Néanmoins, la question se pose : ces priorités peuvent-elles réellement coexister dans un contexte où le financement pour les services de sécurité est priorisé ? L’équilibre entre sécurité et bien-être social est délicat à établir, et il conviendrait d’évaluer si les montants alloués à ces différentes lignes budgétaires permettent un semblant de coexistence harmonieuse.

**Les Appuis Internationaux : Seront-Ils Suffisants ?**

Le projet de Loi de Finances rectificative fait état d’un soutien budgétaire significatif de la part de la Banque Mondiale et du FMI, avec un total d’environ 665,4 millions de dollars attendus. Bien que cet appui soit crucial pour la viabilité du budget, la dépendance continue à l’égard de financements extérieurs soulève des questionnements. Peut-on véritablement parler de souveraineté budgétaire lorsque les financements internes sont largement insuffisants ?

Les défis structurels demeurent : la capacité de mise en œuvre effective de projets financés par ces fonds, l’absence d’une gestion rigoureuse des ressources et, surtout, la nécessité d’améliorer la transparence afin de garantir une meilleure reddition de comptes, tant pour l’État que pour ses partenaires internationaux.

**Vers Une Vision Durable : Réflexions et Perspectives**

En somme, le projet de Loi de Finances rectificative 2025 représente bien plus qu’un simple exercice comptable ; il est le reflet des choix stratégiques que doit faire la RDC dans un contexte troublé. La méfiance à l’égard des économies de guerre peut être tempérée par la nécessité d’une approche pragmatique qui envisage des solutions à long terme.

L’accent mis sur des programmes comme le DDRCS (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion Communautaire et Sociale) et la diversification de l’économie sont des signes tangibles d’une volonté de sortir d’une approche uniquement sécuritaire. Néanmoins, cela exige une volonté politique forte et une coopération entre toutes les sphères de la société.

Alors, le budget 2025 sera-t-il le catalyseur d’un changement positif ou un simple ajustement à court terme ? Les mois à venir fourniront des éléments de réponse cruciaux, mais ce dont la RDC a besoin, c’est d’une vision partagée qui inclut toutes les couches de sa population dans la recherche d’un avenir durable.

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