**Réarmement moral et souveraineté nationale : un appel à l’unité en RDC**
Le 21 mai 2025, Modeste Bahati Lukwebo, président du regroupement politique AFDC-A et figure influente de l’Union Sacrée, a lancé une campagne de réarmement moral à Lubumbashi. Cet évènement s’inscrit dans un contexte tendu pour la République démocratique du Congo (RDC), confrontée à des défis persistants liés à l’instabilité sécuritaire, notamment l’occupation de certaines de ses zones par le mouvement rebelle M23, soutenu par l’étranger.
Bahati Lukwebo a articulé un discours résolument patriotique, mettant l’accent sur la nécessité d’un éveil national face à ce qu’il décrit comme une agression extérieure. Il a souligné l’importance de la mobilisation populaire pour soutenir les initiatives diplomatiques du président Félix Tshisekedi, qui œuvre à rétablir la paix et la souveraineté du pays. Cette démarche soulève plusieurs questions essentielles concernant la manière dont les responsables politiques interagissent avec la base et les implications d’un tel appel à l’unité.
Les discours du type « réarmement moral » résonnent avec une profonde signification historique dans le contexte congolais. Ils font écho aux luttes passées pour l’intégrité territoriale de la RDC, où de nombreux dirigeants ont souvent cherché à galvaniser le soutien populaire face à l’adversité. Ce rappel à l’unité nationale peut servir de moyen efficace pour renforcer le sentiment d’appartenance à un projet commun, surtout dans un pays où la fragmentation sociopolitique est souvent accentuée par des contextes de crises.
Cependant, il est crucial de se demander quelle forme cette mobilisation populaire pourrait prendre. L’histoire récente de la RDC montre que, bien que l’appel à la solidarité nationale puisse rassembler, il peut également exacerber des divisions internes si ce soutien populaire n’est pas inclusif. Comment garantir que le discours patriotique soit véritablement représentatif de toutes les voix congolaises, y compris celles des groupes marginalisés ?
Il est également pertinent d’examiner la relation entre la population et ses dirigeants dans ce processus. Alors que Bahati Lukwebo appelle à une « adhésion populaire massive », il sera fondamental d’inclure un débat ouvert et pluraliste sur les mesures à prendre, tant sur le plan diplomatique que sécuritaire. La confiance du peuple envers ses représentants pourrait être renforcée par une transparence et des discussions sincères sur les enjeux soulevés, au lieu d’une simple exhortation à l’unité.
Sur le plan diplomatique, les pourparlers en cours à Doha et Washington, mentionnés par Bahati Lukwebo, soulignent la complexité des enjeux géopolitiques en jeu. Les résultats de ces discussions dépendront en grande partie du soutien populaire et de la manière dont le gouvernement traduira les résultats de ces pourparlers en politiques concrètes sur le terrain. Quel sera donc le rôle des citoyens dans ces négociations ? Comment peuvent-ils être impliqués dans les décisions qui affectent directement leur sécurité et leur avenir ?
La campagne de Bahati Lukwebo, tout en aspirant à rassembler, pose ainsi la question de l’engagement civique au sein de la dynamique politique en cours. Les citoyens doivent être considérés non seulement comme des soutiens passifs, mais comme des acteurs actifs ayant un rôle à jouer dans la construction d’une paix durable. Une véritable mobilisation nationale devrait encourager la participation citoyenne au sens large, favorisant un climat de dialogue inclusif.
En définitive, l’appel à un réarmement moral est une initiative chargée d’intentions positives. Cependant, il sera crucial d’explorer comment cet appel pourra évoluer vers une action collective véritablement représentative des aspirations de tous les Congolais. Alors que la RDC cherche à naviguer à travers des temps tumultueux, ce besoin d’unité doit s’accompagner d’un engagement fort en faveur de la paix, de la solidarité et d’un avenir partagé. Quelles voies choisiront les Congolais pour bâtir ensemble un horizon serein ? La réponse à cette question pourrait bien définir le parcours de la nation dans les années à venir.