La création d’une structure étatique pour la gestion des droits d’auteur en RDC suscite des débats parmi les artistes de la diaspora et ceux du pays.

La question de la gestion des droits d
### Une Nouvelle Stratégie pour la Gestion des Droits d’Auteur en RDC : Vers une Réforme Équilibrée ?

Le débat autour de la création d’une nouvelle structure étatique pour la gestion des droits d’auteur en République Démocratique du Congo (RDC) suscite des réactions variées, autant chez les artistes congolais de la diaspora que dans le pays. Le projet, promu par le ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine, vise à instaurer un système plus transparent et efficace dans la gestion des droits d’auteur, un domaine qui, jusqu’ici, a été entaché par des conflits internes, des problèmes de leadership et des accusations de mauvaise gestion.

Les déclarations de Nyboma Canta, président de l’association « Congo Sèbène » basée à Paris, illustrent bien les sentiments ambivalents qui entourent cette initiative. D’un côté, il souligne les failles du système actuel, où des pratiques peu éthiques ont conduit à une perte de confiance entre les artistes et l’organisation en charge, la SOCODA (Société Congolaise des Droits d’Auteur et Droits Voisins). D’un autre côté, il exprime ses réserves sur la capacité d’une structure étatique à naviguer efficacement ce domaine complexe. Cette dualité est symptomatique des défis auxquels la RDC est confrontée dans le secteur culturel.

### Les Limites du Système Actuel

La situation actuelle, décrite comme une « jungle » par Didi Kembwarss, secrétaire général du Collectif des Producteurs Congolais de Musique en France, soulève des questions critiques. Les artistes peinent à percevoir les revenus qui leur sont dus, ce qui nuit à leur survie économique et à celle de l’industrie musicale. Les écueils de la SOCODA, souvent critiquée pour son manque de transparence et ses conflits internes, montrent que la gestion des droits d’auteur requiert une attention particulière et une reforme structurelle.

Nyboma Canta évoque également l’exemple de sociétés de gestion des droits d’auteur comme la SACEM en France ou la SABAM en Belgique, qui opèrent avec succès sous des statuts privés. Une question se pose alors : pourquoi ne pas envisager un modèle similaire en RDC, qui tiendrait compte des spécificités culturelles et sociales du pays ?

### Vers un Modèle Équilibré

Le soutien à la création d’une nouvelle société publique de gestion des droits d’auteur semble être une réponse aux critiques formulées à l’égard des structures privées. Cependant, la crainte d’une politisation de cette nouvelle entité ne doit pas être sous-estimée. Scénarios passés, où des entreprises publiques ont manqué de viabilité en raison de l’interférence politique, alimentent cette anxiété.

Il est crucial que cette future structure soit fondée sur des principes de bonne gouvernance, transparence et responsabilité. En confiant la gestion à des experts en droit des affaires, comme le suggère Canta, on pourrait espérer une plus grande efficacité et légitimité. Cela pourrait également encourager la confiance des artistes dans le système.

### L’Importance de l’Engagement de la Diaspora

La reconnaissance de la diaspora comme acteur clé dans cette transition peut offrir une précieuse perspective. Les artistes congolais vivant à l’étranger, ayant souvent été exposés à d’autres standards et pratiques, peuvent offrir des solutions innovantes pour le marché congolais. Leur engagement pourrait servir de pont pour relier les aspirations des artistes en RDC et les meilleures pratiques observées à l’international.

Les propos de Didi Kembwarss, appelant à l’unité parmi les artistes, sont d’une importance capitale. Dans un secteur souvent marqué par des rivalités et des divisions, la solidarité est essentielle pour faire avancer les intérêts collectifs. L’accompagnement de toutes les parties prenantes, y compris les créateurs, les producteurs, et même les autorités gouvernementales, pourrait favoriser une approche plus holistique.

### Conclusion : Une Opportunité à Saisir

Le projet de création d’une nouvelle structure pour la gestion des droits d’auteur en RDC représente une opportunité de réformes tant attendues dans un secteur vital pour la culture du pays. Si les inquiétudes concernant la politisation et la gestion des ressources sont légitimes, le dialogue entre artistes, producteurs et gouvernement pourrait poser les bases d’un cadre de gestion plus efficace et respectueux des droits des créateurs.

Les réflexions sur cette initiative doivent être encouragées et approfondies, afin de ne pas répéter les erreurs du passé et d’offrir aux artistes congolais un véritable cadre pour valoriser leur travail. En somme, l’heure est venue d’explorer des solutions qui allient responsabilité éthique et innovation pour le bénéfice de la culture congolaise.

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