La conférence régionale sur la fiscalité à Kinshasa souligne l’importance de la digitalisation de l’administration fiscale en République démocratique du Congo.

La récente conférence régionale sur la fiscalité, tenue à Kinshasa le 19 mai 2025, met en lumière les enjeux de la digitalisation de l
**Analyse de la Conférence Régionale sur la Fiscalité à Kinshasa : Vers une Digitalisation de l’Administration Fiscale en RDC**

Le 19 mai 2025, Kinshasa a accueilli une conférence régionale sur la fiscalité pour les pays francophones, organisée par la Direction générale des impôts de la République démocratique du Congo (RDC). L’événement a été ponctué par des recommandations significatives, notamment la promotion d’un modèle de maturité axé sur la digitalisation de l’administration fiscale. Cette initiative vise à optimiser la mobilisation des ressources internes, tout en luttant efficacement contre l’évasion fiscale, un problème structurel qui mine les capacités de développement du pays.

### Une nécessité d’adaptation face à la numérisation

Barnabé Muakadi Muamba, directeur général des impôts, a insisté sur l’importance d’intégrer la numérisation dans le fonctionnement des administrations fiscales, en réponse aux défis contemporains engendrés par la mondialisation et la digitalisation accrue de l’économie. Les systèmes traditionnels d’imposition rencontrent des difficultés face à des pratiques commerciales électroniques qui échappent souvent à un contrôle fiscal rigoureux. Les attentes croissantes de la population en matière de transparence et d’efficacité dans la gestion des ressources publiques rendent désormais cette transition numérique davantage incontournable.

### Les enjeux de la digitalisation

La digitalisation de l’administration fiscale présente plusieurs avantages. Premièrement, elle permettrait d’améliorer les échanges d’informations entre les contribuables et l’administration, favorisant ainsi une relation de confiance. Deuxièmement, comme l’a souligné Mme Samia Abdelghani de l’OCDE, des initiatives comme la TVA sur le commerce électronique pourraient booster les recettes fiscales dans un pays comme la RDC, où la pression fiscale est souvent jugée insuffisante pour soutenir le développement.

Cependant, la mise en œuvre d’un modèle de maturité digital ne va pas sans poser des défis structurels. En effet, il est essentiel de garantir que les infrastructures technologiques soient adéquates, et que le personnel soit formé pour comprendre et appliquer ces nouvelles normes. De plus, la question de la cybersécurité doit être sérieusement envisagée, afin de garantir la protection des données des contribuables.

### Le rôle central du civisme fiscal

Au-delà de la dimension technique, la construction d’un civisme fiscal solide apparaît comme une condition sine qua non pour le succès de ces réformes. M. Diallo Ismailla a souligné l’importance de la communication et de l’éducation des contribuables. Une sensibilisation accrue assurera que chacun prenne conscience de ses obligations fiscales et des bénéfices associés au respect de celles-ci. À cet égard, comment l’État peut-il renforcer ces efforts d’éducation et de communication ? La passivité dans ce domaine pourrait freiner la dynamique de changement escomptée.

### Un cadre pour l’égalité

Les discussions ont également abordé la question de l’égalité des genres au sein des administrations fiscales. L’égalité femme-homme est fondamentale, non seulement pour le progrès social, mais aussi pour le fonctionnement efficace de l’administration. En intégrant des modèles favorables à l’égalité, les administrations peuvent tirer parti d’une diversité de talents qui enrichissent les processus décisionnels.

### Vers une évolution concertée

Cette conférence a mis en lumière les efforts de collaboration entre les pays francophones au sein de l’OCDE et du Credaf, soulignant l’importance d’échanger des expériences afin d’éviter de réinventer la roue. Le partage des pratiques réussies, tel que l’expérience du Cameroun en matière de TVA sur le commerce électronique, est un exemple pertinent à suivre pour d’autres pays de la région.

### Conclusion : un chemin semé d’embûches

Si les recommandations formulées lors de cette conférence au sujet de la digitalisation de l’administration fiscale en RDC sont sans doute prometteuses, elles doivent s’inscrire dans un cadre plus large de renforcement des capacités institutionnelles et de sensibilisation du public. Les succès futurs dépendront non seulement de la mise en place de systèmes technologiques performants, mais également d’une réflexion continue sur l’éducation fiscale et sur la construction d’une culture de responsabilité citoyenne.

Dans un monde en constante évolution, la capacité d’adaptation et d’innovation des administrations fiscales pourrait bien être le facteur déterminant pour relever les défis économiques auxquels la RDC fait face. Une question demeure : dans quelle mesure ces initiatives sauront-elles engager les citoyens dans un processus collectif de responsabilisation et d’amélioration continue ?

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