### Augmentation du Paludisme à Walikale et Kibua : Une crise à appréhender
L’augmentation des cas de paludisme dans les zones de santé de Walikale et Kibua, en territoire de Walikale au Nord-Kivu, soulève des préoccupations majeures qui méritent d’être examinées avec attention. Cette situation, qui émerge depuis le début du deuxième trimestre de l’année, met en lumière les interconnections complexes entre la santé publique, la sécurité et les réponses communautaires, et invite à une réflexion approfondie sur les mesures à adopter pour inverser cette tendance alarmante.
#### Contexte et Causes de la Problématique
Les responsables sanitaires ont alerté sur une hausse notable des consultations et hospitalisations dues au paludisme dans plusieurs structures de santé. Parmi les causes identifiées, l’impact des déplacements forcés de la population, liés aux conflits armés – en particulier l’exode face aux menaces de groupes armés comme le M23 – est essentiel à considérer. Ces déplacements, souvent précipités, ont conduit de nombreuses familles à négliger l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, des outils cruciaux pour la prévention de la maladie.
En effet, les parents ont souvent reporté leur priorité à la sécurité pendant leur fuite, entrainant par là même une exposition accrue du groupe le plus vulnérable : les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. La situation est particulièrement dramatique puisque ces groupes sont historiquement plus susceptibles de développer des formes graves de paludisme, malgré les efforts de sensibilisation menés par des équipes de relais communautaires sur le terrain.
Une autre dimension de cette crise réside dans la prolifération des moustiques, favorisée par des conditions environnementales telles que la présence d’étangs piscicoles autour des zones habitées. Ces lieux, considérés comme des foyers de reproduction pour les moustiques, représentent un défi supplémentaire à la lutte contre le paludisme. Les recommandations des autorités sanitaires, notamment la destruction de ces étangs pour réduire les populations de moustiques, mettent en exergue la nécessité d’une approche intégrée où la santé environnementale est prise en compte.
#### Défis dans la Prise en Charge des Malades
Le manque d’accès aux soins et aux médicaments pour les populations touchées accentue la gravité de la situation. Dans la zone de santé de Kibua, la rupture de stocks de médicaments – conséquence des pillages survenus lors des combats – complique la gestion et le traitement des cas de paludisme. Bien que le médecin chef, Dr Yves Tsongo, assure que des antipaludéens sont en route, la situation soulève des interrogations quant à la préparation et à l’anticipation des crises humanitaires au niveau local. Que peuvent faire les autorités sanitaires pour garantir un approvisionnement continu malgré les enjeux sécuritaires ?
Il est également pertinent de se demander si le soutien institutionnel et international est suffisant pour répondre à ces fréquents chocs humanitaires. Les collectivités locales, souvent en première ligne, manquent de ressources pour faire face à ces épidémies récurrentes de paludisme.
#### Perspectives et Solutions à Envisager
Pour répondre à cette crise, plusieurs pistes méritent d’être explorées. D’un côté, la mise en place d’un programme de sensibilisation plus robuste, notamment par le biais de relais communautaires, pourrait renforcer l’éducation sur la prévention et le traitement du paludisme. De plus, une approche multisectorielle qui inclut les aspects environnementaux pourrait permettre de s’attaquer aux causes profondes, en tenant compte des interactions entre santé, environnement et sécurité.
Aussi, une coopération étroite entre les autorités sanitaires, les organisations de la société civile et la communauté internationale est essentielle pour fournir une aide humanitaire rapide et efficace. La création de partenariats pour des initiatives de santé publique préventive pourrait contribuer non seulement à l’arrêt de la progression du paludisme, mais aussi à la résilience à long terme des communautés affectées.
#### Conclusion
La montée du paludisme dans les zones de santé de Walikale et Kibua appelle à une mobilisation collective pour aborder les défis de santé publique liés aux crises sécuritaires. Il est de notre responsabilité, en tant que communauté internationale et nation, de répondre avec diligence et compassion à cette crise et d’explorer des solutions durables qui protègent les plus vulnérables. Seule une approche globale et réfléchie permettra d’éradiquer le paludisme de ce territoire et de garantir un avenir sain et sécurisé pour ses habitants.