### Homicide à Kinshasa : une condamnation qui soulève des interrogations
Le 16 mai 2025, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a prononcé des peines à l’encontre de six gardes du corps de la Première ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa, impliqués dans l’homicide d’un policier, Fiston Kabeya. Ce verdict, qui condamne certains prévenus à 20 ans de prison, nous invite à réfléchir sur les implications plus larges de cet incident tragique.
#### Rappel des faits
Les événements ayant conduit à cette affaire se sont déroulés dans le nord de Kinshasa, où une altercation entre les membres de l’escorte de la Première ministre et le policier de circulation routière a dégénéré. Fiston Kabeya, au moment des faits, exerçait ses fonctions dans le cadre de son devoir. Les circonstances exactes de l’incident demeurent floues et posent la question de l’utilisation de la force dans des situations d’altercation.
La cour a reconnu l’homicide volontaire à l’encontre de plusieurs des prévenus, tandis que trois autres ont été acquittés. Ce verdict a également mis en lumière les pratiques d’arrestation au sein de la police, avec des condamnations pour arrestation arbitraire, soulignant un problème systémique qui mérite d’être examiné.
#### Une violence systémique à interroger
Au-delà des peines prononcées, cette affaire met en exergue plusieurs questions liées à la culture de la violence au sein des forces de sécurité en RDC. Les tensions entre les forces de police et les citoyens sont fréquentes dans un contexte où les agents de sécurité sont souvent perçus comme des acteurs de répression plutôt que de protection. Cela soulève des interrogations sur la formation, les protocoles de gestion des conflits et les mécanismes de responsabilité au sein de l’appareil judiciaire congolais.
L’homicide de Fiston Kabeya pourrait être interprété comme un symptôme d’un problème plus vaste : celui de la légitimité des forces de l’ordre. Dans quelle mesure ces agents ont-ils été formés pour faire face à des situations stressantes ? Quelles procédures existent pour encadrer l’usage de la force dans des contextes où la vie humaine est en jeu ? Les retours des témoins et l’analyse des faits de violence impliquant des forces de l’ordre pourraient offrir un éclairage nécessaire à la compréhension du présent dossier.
#### La responsabilité de l’État et des institutions
Les décisions de la Cour militaire ne doivent pas seulement être perçues à travers le prisme de la justice pour la victime, mais également comme une responsabilité collective de l’État à garantir la sécurité et le respect des droits. L’arrestation arbitraire de citoyens par des membres de la police constitue une violation des principes fondamentaux des droits humains. Dans ce sens, il est crucial que des réformes soient envisagées pour renforcer le respect des droits civiques par les agents de l’État.
De plus, l’assistance à la famille du policier décédé est une question délicate. Quel soutien psychologique et financier pourra être apporté à ses proches ? L’État a-t-il un rôle à jouer pour compenser cette tragédie par des mesures de réhabilitation et de sécurité pour les agents publics en mission?
#### Pistes d’amélioration
Face à une telle situation, plusieurs pistes d’amélioration peuvent être envisagées :
1. **Formation et sensibilisation des forces de l’ordre** : Renforcer l’accent sur la gestion des conflits et la désescalade peut se révéler utile pour prévenir de telles tragédies à l’avenir.
2. **Mécanismes de surveillance et de reddition de comptes** : La mise en place d’institutions indépendantes pour superviser l’action des forces de l’ordre serait une avancée significative vers une justice plus transparente.
3. **Dialogue entre les citoyens et les institutions** : Encourager les échanges entre la population et les forces de sécurité, favoriser la compréhension mutuelle et la coopération pourrait renforcer la confiance envers les institutions.
#### Conclusion
L’affaire de l’homicide de Fiston Kabeya et les conséquences judiciaires qui en découlent forcent à reconsidérer notre approche des questions de sécurité, des droits de l’homme et des pratiques policières en République démocratique du Congo. Au-delà de la colère et de l’incompréhension, il convient de rechercher des solutions constructives, susceptibles de changer positivement le paysage sécuritaire du pays, et de favoriser un climat de paix et de respect pour tous.