**Le rôle des laïcs protestants dans le développement agricole en République Démocratique du Congo : enjeux et perspectives**
Le récent discours de Norbert Basengezi Katintima, président national du Ministère des laïcs protestants (MILAPRO), lors du congrès provincial des laïcs protestants à Matadi, soulève des questions cruciales sur l’engagement des communautés dans le secteur agricole. En appelant les laïcs à s’investir dans l’agriculture pour le développement économique de la République Démocratique du Congo (RDC), M. Basengezi propose une voie susceptible de transformer la dépendance des ressources minières vers un modèle de développement durable.
### Une opportunité économique à saisir
Les chiffres avancés par M. Basengezi sont éloquents : alors que la tonne de cacao atteint 12.000 dollars, le cobalt, symbolisant la richesse minière congolaise, est proposé à environ 9.000 dollars. Cela soulève une interrogation sur la diversification économique du pays. Pourquoi ne pas capitaliser sur les ressources agricoles qui, à en croire ces données, pourraient générer des revenus substantiels tout en offrant des solutions aux défis alimentaires croissants ?
L’exemple donné par M. Basengezi au sujet de Nzuzi, une femme du Mayombe ayant su tirer parti des formations passées pour exporter des produits au-delà de sa région, illustre l’impact potentiel de l’agriculture sur le développement local. Toutefois, il est essentiel de se demander si de telles réussites sont généralisables, et quelles conditions permettent à des initiatives individuelles de garantir un impact collectif.
### La nécessité d’une revitalisation agricole
L’appel à revitaliser la filière agronomique n’est pas nouveau, mais il souligne des lacunes persistantes dans un secteur vital. M. Basengezi évoque un agronome comme acteur clé du développement rural. Ce point mérite d’être approfondi : quel est l’état actuel de l’enseignement agronomique dans le pays, et comment pourrait-on former une nouvelle génération de professionnels capables d’agir en tant que catalyseurs du changement ?
En RDC, la dégradation des infrastructures, le manque d’accès à des semences de qualité et les défis climatiques n’ont fait qu’accentuer les difficultés des agriculteurs. Un soutien structurel, à la fois en ressources humaines et en technologies adaptées, semble indispensable pour pallier ces manques. Quels sont les programmes existants à cet égard, et comment peuvent-ils être renforcés ?
### L’engagement des jeunes : une promesse d’avenir
L’invitation faite par M. Basengezi aux jeunes à se diriger vers des formations en agronomie est un appel à l’optimisme, mais il soulève des questions sur la perception des carrières agricoles parmi la jeunesse congolaise. Pourquoi l’agriculture, souvent perçue comme un secteur peu valorisant, devrait-elle devenir une priorité ? Pour que cette dynamique prenne forme, un changement de mentalité, soutenu par des politiques publiques et des actions locales, sera nécessaire.
Les jeunes sont également de plus en plus mobilisés autour des sujets écologiques. Pourraient-ils devenir des porteurs de pratiques agricoles durables et innovantes ? Alors que le monde se confronte à des enjeux comme le changement climatique, le besoin d’une agriculture résiliente est plus pertinent que jamais. Comment le MILAPRO, les gouvernements locaux et les organisations non gouvernementales peuvent-ils faciliter cette transition ?
### Vers une collaboration multisectorielle
M. Basengezi évoque également le croisement des secteurs, au-delà de l’agriculture, en incluant l’éducation, la santé et l’industrie. Cette approche intégrée pourrait en effet promouvoir un développement plus holistique. Quel rôle les institutions religieuses peuvent-elles jouer dans cette dynamique ? En favorisant une compréhension plus large de la place de l’agriculture dans le développement humain, elles pourraient être des alliées précieuses.
Un partenariat avec des instances internationales comme la FAO semble également judicieux pour bénéficier de l’expertise technique et de financements. Cette collaboration peut-elle être encouragée à travers un dialogue régulier entre les acteurs locaux et les agences internationales ?
### Conclusion
À travers cet appel à l’engagement des laïcs protestants, M. Basengezi met en exergue une opportunité d’évolution pour la RDC, où le potentiel agricole pourrait devenir un moteur de croissance économique. Toutefois, cette transformation nécessitera un effort concerté pour surmonter les obstacles historiques et structurels.
En définitive, cette exposition du MILAPRO pourrait être le point de départ d’une réflexion collective sur l’agriculture en tant qu’axe fondamental du développement. Dans ce contexte, la question essentielle demeure : comment mobiliser l’ensemble des acteurs, y compris les jeunes, les agronomes et les institutions, pour un avenir où l’agriculture pourrait réellement briller aux côtés des ressources minérales ? En agissant prudemment mais clairement, il est possible d’ouvrir de nouvelles avenues pour la prospérité de la RDC.