La CENCO appelle à un dialogue national pour restaurer l’ordre constitutionnel en RDC face aux tensions persistantes.

**Restaurer l’ordre constitutionnel et réconcilier la nation : l’appel de la CENCO au dialogue national**

La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a récemment réaffirmé son engagement en faveur d’un « pacte social » pour restaurer l’ordre constitutionnel et favoriser la réconciliation nationale. Cette déclaration, faite le 15 mai, est d’une importance cruciale dans un contexte où la République Démocratique du Congo (RDC) affronte une double crise : des violences persistantes dans sa région orientale et une instabilité politique croissante au niveau national.

### Un contexte alarmant

La situation dans l’Est de la RDC est marquée par des conflits armés qui ont causé la mort de milliers de personnes et engendré des déplacements massifs. Selon certaines estimations, des millions de Congolais vivent dans des conditions précaires, souvent dans des camps de déplacés, où l’accès à des services de base comme la santé ou l’éducation est sévèrement limité. Les évêques de la CENCO, conscients des souffrances endurées par les populations, ont souligné l’urgence d’une approche globale qui prenne en considération non seulement les facteurs immédiats du conflit, mais aussi les causes historiques et sociopolitiques sous-jacentes.

### Vers un processus de paix inclusif

Au centre de l’appel de la CENCO se trouve l’idée d’un « Forum national de consensus ». Mgr Donatien Nshole a souligné que ce forum ne devait pas se limiter à un simple partage de pouvoir, mais plutôt être un cadre inclusif, scientifique et patriotique, capable de revisiter l’histoire du pays et d’identifier les racines des crises récurrentes. Cette idée de revisiter le passé pour mieux comprendre le présent et imaginer un avenir pacifié mérite une réflexion approfondie. Elle appelle à une forme de dialogue historique qui pourrait contribuer à une meilleure compréhension des griefs de chaque groupe et des dynamiques qui persistent depuis des décennies.

### Une critique constructive des précédents dialogues

Les diaboliques échecs des précédents dialogues de paix posent une question fondamentale : qu’est-ce qui a manqué jusqu’à présent ? Les évêques proposent un travail de mémoire, soutenu par des experts nationaux et internationaux, pour réfléchir aux erreurs du passé et dégager des recommandations concrètes afin d’éviter de répéter les mêmes schémas. Cette démarche soulève une question essentielle : comment intégrer effectivement les voix des différentes communautés dans ce processus, afin que toutes se sentent représentées et écoutées ?

### L’appel à une paix durable

La CENCO souligne également que la priorité doit être donnée à une paix durable, qui ne se limite pas à l’absence de conflit, mais qui garantit la justice sociale, économique et politique pour tous les Congolais. La mention des problèmes de corruption et de l’inefficacité du système judiciaire rappelle que la paix ne peut être construite de manière égale sans un cadre législatif et institutionnel solide. La lutte contre l’impunité et le renforcement des institutions sont donc des axes cruciaux à aborder parallèlement à toute tentative de réconciliation nationale.

### Perspectives d’avenir

La proposition d’une conférence internationale pour la paix dans la région des Grands Lacs, sous la direction du chef de l’État congolais, illustre la volonté de la CENCO d’inclure des perspectives extérieures et régionales dans une dynamique de paix plus large. Toutefois, cela pose aussi la question de la responsabilité, tant au niveau national qu’international. Quelle est la place des autres pays de la région dans ce processus ? Pour que cette conférence ait l’impact escompté, il serait pertinent d’élargir le débat aux acteurs et pays voisins, dont les décisions et les actions influencent directement la situation en RDC.

### Conclusion

L’appel de la CENCO à un pacte social reflète un besoin urgent d’unité et de dialogue dans un pays frappé par des divisions internes plurielles. En faveur d’une paix véritable et durable, le chemin sera semé d’embûches, mais il semble que la volonté d’engager un dialogue sincère soit une étape incontournable. À la croisée des logiques politique, sociale et historique, la réconciliation nationale ne pourra se concrétiser qu’avec l’implication active de tous les acteurs, des citoyens aux dirigeants, en passant par la société civile et les instances religieuses. Cette approche multidimensionnelle pourrait finalement offrir l’opportunité de construire un avenir où les souffrances du passé seraient transformées en leçons pour un avenir pacifié.

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