### Le Transbordement à l’ère de la République Démocratique du Congo : Un Enjeu Économique et Réglementaire
Le 15 mai 2025, un communiqué du ministère du Commerce extérieur de la République Démocratique du Congo (RDC) a mis en lumière un aspect essentiel de la logistique commerciale du pays : le transbordement. Reconnu par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce mécanisme de transport se définit comme l’acheminement de marchandises d’un point d’embarquement vers la RDC avec un changement de mode de transport, sans toutefois altérer le contenu des biens transportés. Cette clarification est d’une importance capitale pour la RDC, qui lutte contre le phénomène du fractionnement, une pratique qui a coûté au pays 3,9 milliards de dollars américains en 2024.
#### Transbordement vs. Fractionnement
Le transbordement, selon le communiqué, est légal et encadré par des lois nationales et internationales, y compris le code des douanes congolais. Au contraire, le fractionnement est illégal car il vise à contourner le paiement des droits de douane en manipulant les marchandises de manière à éviter des obligations fiscales. Cela constitue non seulement une perte de revenus pour le trésor public, mais aussi un désavantage compétitif pour les entreprises qui respectent les réglementations en vigueur.
La distinction entre ces deux opérations est cruciale. En reconnaissant le transbordement tout en combattant le fractionnement, le gouvernement congolaise cherche à promouvoir un environnement commercial transparent. Cela pourrait également encourager les investissements étrangers, qui sont souvent dissuadés par des régulations floues et des pratiques commerciales douteuses.
#### Un Contexte Économique Délicat
La RDC, avec ses vastes ressources naturelles, se heurte à de nombreux défis économiques. Les infrastructures de transport, en particulier, doivent être améliorées pour répondre aux exigences d’un commerce mondial en évolution. Le port d’entrée de la RDC, c’est-à-dire Kinshasa, joue un rôle stratégique dans le transit des marchandises. Pourtant, le manque d’installations appropriées limite le potentiel logistique du pays. Le transbordement, en tant qu’outil d’optimisation logistique, pourrait donc contribuer à pallier ces lacunes.
Cependant, la question se pose : comment le gouvernement va-t-il s’assurer que le transbordement soit correctement encadré pour éviter tout abus ? Les mécanismes de contrôle douanier devront être rigoureux et efficace pour éviter que le transbordement ne se transforme en une porte d’entrée pour des pratiques frauduleuses.
#### La Dimension Internationale
La reconnaissance du transbordement par la RDC s’inscrit également dans un contexte international plus large. Avec l’évolution du commerce mondial, les pays sont encouragés à harmoniser leurs réglementations avec celles de l’OMC. Cela pourrait renforcer les relations commerciales bilatérales et multilatérales, favorisant ainsi un sentiment de prévisibilité et de confiance parmi les partenaires commerciaux.
Toutefois, il est essentiel de se rappeler que chaque pays a ses propres défis. Les pays voisins de la RDC doivent également s’engager dans des réformes similaires pour que cette dynamique de transbordement soit réellement bénéfique pour tous. Comment la RDC pourra-t-elle dialoguer avec ses voisins pour faciliter ces changements nécessaires ?
#### Vers une Meilleure Réglementation
Pour maximiser les bénéfices du transbordement et combattre efficacement le fractionnement, le gouvernement congolais pourrait envisager les actions suivantes :
1. **Renforcement des Capacités Douanières** : Investir dans la formation et la technologie pour les douaniers pourrait améliorer le suivi des marchandises.
2. **Sensibilisation des Parties Prenantes** : Informer les exportateurs et importateurs sur les réglementations en matière de transbordement aidera à réduire les malentendus.
3. **Collaboration régionale** : S’engager dans des dialogues avec des pays voisins pour établir des standards communs pourrait prévenir les abus.
4. **Suivi et Évaluation** : Mettre en place des systèmes de suivi robustes pour évaluer l’impact des nouvelles régulations sur le commerce et les finances publiques.
En conclusion, la reconnaissance du transbordement par le gouvernement congolais est une démarche positive qui pourrait apporter de nombreux avantages économiques au pays. Cependant, la lutte contre le fractionnement et la mise en place de réglementations efficaces nécessiteront un engagement continu. La RDC, en tant qu’acteur sur la scène commerciale mondiale, se doit d’adopter une approche intégrée qui renforce non seulement son économie, mais aussi l’ensemble de son écosystème commercial. Les questions soulevées par ce changement de réglementation invitent à une réflexion approfondie et à une action concertée, non seulement au niveau national, mais également sur le plan régional.