### La Transformation des Moyens de Transport à Mbandaka : Toleka vs Motos
À Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Équateur en République démocratique du Congo (RDC), un changement important s’opère dans les pratiques de transport. Le transport en commun par vélo, connu sous le nom de « toleka », est en déclin face à la montée en puissance des motos, qui s’imposent progressivement comme la solution de choix pour de nombreux usagers. Ce phénomène soulève des questions essentielles sur les dynamiques économiques, sociales et culturelles en jeu dans cette ville.
#### L’Ascension des Motos
Comme le souligne Fiston Eleli, président des tolekistes, la transition vers les motos s’explique en partie par le désir de rapidité et de praticité des usagers. Bien que le tarif d’un trajet en vélo soit de 500 francs congolais, contre 1000 francs pour la moto, le délai de transport est souvent un facteur décisif. Les clients, tels que Mme Claudine Mpia, évoquent non seulement la vitesse, mais aussi des considérations pratiques concernant leur apparence et leur confort. Monter sur un vélo, surtout pour des personnes bien habillées ou désirant préserver leur image sociale, est perçu comme une source de honte. Cela traduit une dynamique socioculturelle complexe où le moyen de transport devient un symbole de statut social.
#### Risques et Répercussions
Cependant, la domination croissante des motos n’est pas sans risques. Plusieurs usagers, comme M. Pierre Ngola, soulignent une inquiétude partagée quant à la sécurité. Les motos, souvent conduites par d’anciens tolekistes sans formation adéquate, sont impliquées dans un nombre croissant d’accidents. Cette situation suscite de légitimes préoccupations concernant la sécurité routière à Mbandaka. Les témoins rapportent que les accidents sont plus fréquents avec les motos, ce qui peut nuire à la confiance du public envers ce moyen de transport. Ce phénomène met en exergue la nécessité d’une sensibilisation accrue et d’une formation pour les conducteurs de motos afin de garantir une meilleure sécurité sur les routes.
#### Économie Informelle et Transformation des Professions
L’évolution du transport à Mbandaka illustre également un changement significatif dans l’économie informelle. Nombreux sont les anciens tolekistes qui se sont tournés vers les motos, que ce soit en acquérant leur propre véhicule ou en s’associant avec des motards. Ce mouvement vers le secteur motocycliste pourrait, à première vue, sembler une adaptation positive aux nouvelles réalités du marché. Néanmoins, cela soulève la question de la pérennité de ces emplois. Les tolekistes, jadis vus comme des acteurs économiques essentiels, se voient désormais marginalisés, tandis que les nouveaux motards voient leur nombre croître. La transition doit être abordée avec prudence pour éviter que de nombreux travailleurs précaires ne se retrouvent sans emploi.
#### Vers une Réflexion Collective
En somme, la question des moyens de transport à Mbandaka dépasse largement le simple choix entre le vélo et la moto. Elle engage une réflexion plus large sur les structures économiques, les attentes sociales et les dynamiques culturelles. Il est crucial de se demander : comment cette évolution peut-elle être gérée de manière à favoriser une diversité de choix de transport tout en garantissant la sécurité et le bien-être des usagers ?
Des pistes d’amélioration pourraient comprendre l’instauration de formations obligatoires pour les conducteurs de motos, la promotion de la sécurité routière, et la mise en place d’un dialogue entre les différents acteurs du secteur des transports. En fin de compte, la question fondamentale demeure : comment Mbandaka peut-elle naviguer vers un avenir où plusieurs choix de transport coexistent de manière sécurisée et équitable pour tous ses citoyens ?
Cette situation, bien qu’elle semble intrinsèquement singulière à Mbandaka, reflète des enjeux plus larges que partagent de nombreuses villes en développement. La réponse à ces défis pourrait offrir un modèle à d’autres localités confrontées à des transitions similaires dans leurs infrastructures de transport.