L’Afrique du Sud face à une crise de gestion des déchets et à la nécessité de réinventer le recyclage à travers des valeurs collectives.

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**Recycler plutôt que construire de nouveaux sites d’enfouissement : Une nécessité pour l’Afrique du Sud**

L’Afrique du Sud est aujourd’hui confrontée à un dilemme de taille : alors que la population a augmenté de près de 10 % entre 2011 et 2017, la gestion des déchets est clairement en retard. Les chiffres sont préoccupants : en 2017, le pays a généré environ 107 millions de tonnes de déchets, dont la moitié provenait des ménages. Malheureusement, une large part de ces déchets est destinée aux décharges, dont la capacité est sur le point d’être atteinte. Selon Bukelwa Njingolo, directrice générale de l’entreprise de gestion des déchets Pikitup à Johannesburg, certaines décharges, comme celles de Goudkoppies et de Robinson Deep, devraient être complètement remplies dans un avenir proche.

Cela suscite des inquiétudes légitimes concernant la santé humaine, en particulier dans les communautés riveraines telles que Bhongweni dans l’Est du Cape et Eldorado Park à Gauteng. Par ailleurs, les risques de contamination des sources d’eau d’ici 2030 menacent de compromettre l’objectif des Nations Unies pour un accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous.

Au-delà des statistiques alarmantes, il est essentiel d’interroger notre rapport aux déchets : pourquoi nos habitudes de recyclage sont-elles si insuffisantes, alors que de nombreux Sud-Africains déclarent vouloir contribuer au changement ? Une étude de 2019 menée par la Henley Business School à Soweto, une zone urbaine densément peuplée, révèle une volonté de recyclage chez 74 % des résidents, mais peu d’entre eux passent à l’action. Cela pose un véritable défi que les décideurs doivent comprendre pour développer des stratégies efficaces.

Il est indéniable que les gouvernements et les municipalités ont leur part de responsabilité dans cette problématique. Il leur incombe de concevoir des pratiques de gestion des déchets qui réduisent la production excessive de déchets, ainsi que de définir des objectifs de recyclage clairs et réalisables. Cependant, la réussite de ces initiatives repose également sur l’engagement individuel, familial et communautaire. En l’absence d’une participation active des citoyens, le risque de voir ces efforts échouer augmente.

La théorie du comportement planifié, un modèle psychologique qui explore comment les croyances et attitudes individuelles influencent le comportement, pourrait faire office de guide pour changer les mentalités. Ce changement nécessite d’ancrer des habitudes de gestion des déchets responsables dans la culture collective. Cela soulève des questions essentielles : Comment transformer la gestion des déchets en une norme sociale plutôt qu’en une tâche à accomplir par obligation ?

Les données exposées par l’étude de Soweto mettent également en lumière l’importance d’une approche holistique. L’accès à des infrastructures adéquates, des services fiables et une éducation claire et pratique sur les initiatives de gestion des déchets sont cruciaux pour améliorer les taux de recyclage. Le manque d’information est souvent cité comme un frein majeur, ce qui souligne la nécessité d’un dialogue clair et accessible entre les autorités locales et les citoyens.

Un élément culturel fascinant émerge également : le concept d’ubuntu, qui prône la responsabilité communautaire. Une telle approche pourrait offrir un potentiel sous-exploité pour accroître les initiatives de recyclage. Encourager un sens de responsabilité collective parmi les voisins pourrait rendre les règlements municipaux moins indispensables et favoriser un changement positif enraciné dans la communauté.

Dans ce contexte, les municipalités ont l’opportunité de tirer parti de cette idée en reconfigurant le recyclage : il pourrait représenter un acte collectif de soin pour sa communauté. Cela pourrait non seulement générer des emplois, mais aussi renforcer la sécurité des quartiers tout en contribuant à la lutte contre le gaspillage.

Alors qu’Afrique du Sud vise à réduire les déchets envoyés aux décharges pour atteindre l’objectif de zéro déchet d’ici 2050, ces perspectives peuvent s’avérer inestimables. La compréhension empathique des luttes quotidiennes que rencontrent les foyers, couplée à la mise à disposition de ressources qui allègent véritablement leur fardeau, pourrait être clé pour embrasser la participation massive des citoyens.

Enfin, ce discours autour du recyclage et de la gestion des déchets ne doit pas simplement rester une question de chiffres et de politiques. Il doit s’accompagner d’une invitation à la réflexion collective sur notre façon de vivre et de consommer, invitant chaque citoyen à se sentir acteur du changement. En construisant sur nos valeurs partagées et en consolidant notre sens de communauté, il semble possible de transformer une crise en opportunité pour l’Afrique du Sud.

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