L’extraction artisanale de l’or à Kedougou expose les communautés aux dangers du mercure et soulève des enjeux de santé et de développement durable.

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Dans la région de Kedougou au Sénégal, le paysage de l’extraction artisanale de l’or est empreint de défis multiples et souvent tragiques. Comme Sadio Camara, de nombreuses femmes se lancent dans l’extraction de l’or, souvent en utilisant du mercure, un produit chimique à la fois efficace et dangereux. Cette pratique, bien que facilitée par des méthodes simples et peu coûteuses, soulève des questions cruciales sur la santé, l’environnement et le développement communautaire.

L’utilisation du mercure dans la séparation de l’or de la roche est ancrée dans la culture de l’exploitation minière artisanale. Pour ces femmes, le mercure représente une solution rapide et accessible pour extraire l’or, indispensable à leur subsistance. Cependant, les risques associés à cette méthode, qui incluent des effets neurotoxiques graves, sont alarmants. La déclaration de Sadio Camara met en lumière une réalité tragique : “Je sais que c’est dangereux… mais je crois que je suis en sécurité.” Cette croyance, fondée sur une connaissance limitée des dangers du mercure, est courante et illustre une problématique plus large.

Dans son rapport, le nouveau directeur de l’exploitation minière artisanale a émis des réserves qui soulignent une absence de réglementation claire et la nécessité d’un encadrement adapté. L’ignorance et le manque de ressources semblent jouer un rôle significatif dans la persistance de ces pratiques dangereuses. Par exemple, la seule unité de traitement sans mercure promise par le gouvernement en 2020 reste inopérante, illustrant les difficultés logistiques et financières qui freinent l’évolution du secteur.

Au-delà des enjeux économiques, il y a un aspect social essentiel à prendre en compte. La division des tâches au sein des foyers et des communautés met souvent les femmes dans des positions plus vulnérables face aux dangers du mercure. Modou Goumbala, un acteur de la société civile, souligne que les femmes interagissent davantage avec les voies d’eau contaminées, ce qui expose également les nourrissons et les femmes enceintes à des risques accrus pour leur santé. Les conséquences de cette exposition sont potentiellement dramatiques et soulèvent des questions éthiques sur la responsabilité de l’État y compris sur son rôle dans la régulation et la protection des plus vulnérables.

Il est également important de considérer les alternatives à la pratique du mercure. Comme l’a souligné Jen Marraccino de l’ONG Pure Earth, des méthodes comme la séparation par gravité pourraient offrir des solutions sans compromettre la santé des mineurs. Cependant, la mise en œuvre de ces technologies nécessite un soutien structurel et une sensibilisation accrue au sein des communautés minières.

En cette période de transformations sociales et économiques, une question centrale émerge : comment ces communautés peuvent-elles évoluer vers des pratiques d’extraction plus sûres et durables ? Cela requiert une approche collaborative, impliquant les autorités locales, les ONG et les communautés elles-mêmes. Les initiatives de formation, accompagnées de financements pour des équipements sûrs et des méthodes alternatives, pourraient jouer un rôle déterminant dans cette transition.

La situation à Kedougou illustre de façon poignante le point de rencontre entre la pauvreté, l’ignorance et les choix difficiles que doivent faire les membres de ces communautés. Les défis sont nombreux, mais la prise de conscience croissante des dangers liés au mercure et l’intérêt pour des solutions durables peuvent ouvrir la voie à des discussions constructives et à des changements positifs. En fin de compte, il s’agit d’appeler à une action collective en faveur d’une industrie minière qui soit non seulement profitable, mais aussi respectueuse de la santé et de l’environnement.

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