La microfinance en RDC : le rapport de Bisou Bisou S.A. met en lumière des résultats encourageants et des défis à relever pour l’inclusion financière.

### La Microfinance en RDC : Analyse du Premier Rapport de Bisou Bisou S.A. et Perspectives d’Avenir

Le paysage financier en République Démocratique du Congo (RDC) est marqué par des défis significatifs, dont l’inaccessibilité des services bancaires classiques pour une grande partie de la population. Dans ce contexte, l’institution de microfinance Bisou Bisou S.A., fondée pour répondre aux besoins des petits commerçants et des entrepreneurs du secteur informel, a récemment publié son rapport Pilier III pour l’exercice 2024. Cette présentation, bien que révélant des éléments d’inquiétude, offre également une perspective encourageante sur l’inclusion financière dans le pays.

#### Un Premier Bilan en Demi-teinte

Le rapport de Bisou Bisou S.A., dirigé par Paul Odimba, indique une gestion prudente des risques et une adaptation aux nouvelles régulations. Cependant, il révèle également une réalité moins réjouissante : un résultat net déficitaire de -607 230 270 CDF après impôt. Cette perte, attribuée aux charges opérationnelles élevées et aux investissements initiaux, soulève des questions sur la viabilité à long terme de l’institution, malgré une première année d’opérations jugée satisfaisante par la direction.

Cette situation n’est pas rare dans le secteur de la microfinance, où les institutions naissantes sont souvent confrontées à des coûts élevés durant leurs premières années. L’important est de déterminer si cette perte est le reflet de lacunes dans la stratégie ou simplement une phase normale d’un démarrage difficile. La prudence dans la gestion des risques et un fonds propre solide, comme indiqué dans le rapport, montrent une volonté d’apprentissage et d’adaptation.

#### Une Mission d’Inclusion Financière

L’objectif principal de Bisou Bisou S.A. est de promouvoir l’inclusion financière, particulièrement en ciblant des segments de population jusqu’alors négligés par le système bancaire traditionnel, comme les femmes et les jeunes. En 2024, l’institution a pu compter sur 8 024 clients et 276 crédits octroyés, mettant en avant son modèle de microfinance inclusif.

Cette mission revêt une importance cruciale dans un pays où une grande partie de la population évolue dans un secteur informel, souvent sans accès aux crédits et aux services financiers essentiels. L’engagement de Bisou Bisou envers ces groupes vulnérables est louable; cependant, il est pertinent de se demander comment l’institution pourra pérenniser cette dynamique face aux défis économiques et opérationnels.

#### Perspectives d’Avenir et Stratégies de Croissance

Au-delà des difficultés actuelles, les ambitions de l’institution pour les années à venir soulignent une volonté de capitaliser sur sa première expérience. La prévision d’une augmentation significative des revenus liée à l’octroi de crédits numériques et à la mobilisation de nouveaux dépôts est un point d’intérêt. Cependant, une question émerge : ces projections sont-elles réalistes dans un contexte économique incertain?

Le développement de nouveaux produits financiers et l’optimisation des processus de gestion sont des étapes pragmatiques, mais elles nécessitent un suivi rigoureux. Il sera crucial pour l’institution de maintenir son alignement avec les attentes des clients tout en restant agile dans un marché en constante évolution.

#### L’Importance de la Gouvernance

Le rapport souligne également un renforcement des dispositifs internes de contrôle et de formation. Cela est essentiel pour anticiper les risques et améliorer la performance de l’institution. Une gouvernance solide dans le secteur de la microfinance est indispensable pour instaurer la confiance, non seulement auprès des clients, mais également auprès des régulateurs et des investisseurs potentiels.

Cela pose la question de la formation et de l’accompagnement continu du personnel, qui sont des éléments essentiels pour assurer une bonne gestion des risques et fournir un service de qualité. En effet, dans un secteur où les erreurs peuvent coûter très cher, un personnel bien formé est un atout majeur.

#### Conclusion

Le rapport Pilier III de Bisou Bisou S.A. présente un tableau nuancé de l’institution. Les défis rencontrés au cours de sa première année d’opérations doivent être pris en compte avec une perspective d’amélioration continue et de réflexion stratégique. Alors que Bisou Bisou s’engage à élargir son impact, il sera nécessaire de surveiller de près les développements futurs et leur capacité à adapter leur modèle aux besoins des clients et aux contraintes du marché.

L’évolution de la microfinance en RDC est un sujet de portée significative, non seulement pour le développement économique, mais aussi pour la transformation sociale du pays. En fin de compte, la question demeure : comment des institutions comme Bisou Bisou peuvent-elles naviguer efficacement entre croissance, viabilité financière et mission d’inclusion, afin de transformer les perspectives économiques des plus vulnérables ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *