### La gestion des chiens errants au Maroc : Un tournant possible vers une approche plus humaine
Au début de l’année 2023, le Maroc s’est retrouvé sous les projecteurs de la presse internationale, notamment en raison des accusations formulées par des organisations de protection des animaux concernant des abattages massifs de chiens errants. Ce sujet délicat, qui touche à la santé publique, à la protection animale et à l’image du pays, a suscité des débats passionnés tant au sein des sphères locales qu’internationales. En vérité, quelques nuances méritent d’être éclaircies pour mieux appréhender la situation actuelle et les efforts en cours.
Le Maroc est confronté à une population de chiens errants qui serait estimée à environ 3 millions. Face à ce défi, les autorités marocaines ont choisi de repenser leur approche. Depuis 2019, elles se sont engagées à abandonner les méthodes d’abattage au profit d’une stratégie plus humaine et durable, centrée sur la capture, la stérilisation, la vaccination et le relâchement des chiens. Cette initiative vise à prévenir la reproduction qui aggrave le problème de surpopulation canine tout en protégeant la santé publique.
Mohammed Roudani, responsable au ministère de l’Intérieur marocain, souligne que « si on vide d’une manière brutale un territoire de ses chiens, d’autres chiens vont arriver rapidement pour s’approprier leur territoire. » Cette observation met en lumière une réalité essentielle : l’élimination physique ne résout pas les causes profondes du problème. La gestion des populations animales errantes requiert une approche systémique qui prend en compte l’équilibre écologique et la dynamique sociale existante.
Cependant, certains défis persistent. Salima Kadaoui, présidente de l’association du Sanctuaire de la faune de Tanger, attire l’attention sur le manque d’intérêt pour les stérilisations de la part des vétérinaires. Ce point est crucial, car la capacité à mettre en œuvre ces programmes de stérilisation dépend de l’engagement des professionnels de la santé animale. La question se pose donc : comment inciter les vétérinaires à s’impliquer davantage dans ces efforts collectifs ? Peut-être une coopération renforcée avec des organisations internationales pourrait fournir les ressources nécessaires et l’expertise requise pour accélérer la mise en œuvre de ces programmes.
Le gouvernement marocain prévoit également un projet de loi relatif aux animaux errants, visant non seulement à renforcer la protection des animaux, mais aussi à introduire des sanctions contre la maltraitance. Cela pourrait représenter un progrès significatif dans la législation marocaine, mais il soulève des interrogations quant à son application et à son effectivité. Quelles ressources seront allouées pour garantir que ces lois ne restent pas lettre morte ? Comment sensibiliser la société marocaine à la nécessité de traiter les animaux avec dignité, tout en prenant en compte les préoccupations de santé publique ?
En guise de réponse à ces enjeux, le gouvernement a déjà investi près de 80 millions de dirhams, soit environ 7,7 millions d’euros, dans des programmes de gestion des chiens errants. L’ambition de co-organiser la Coupe du Monde 2030 avec d’autres nations pourrait également servir de catalyseur pour renforcer ces efforts, car l’événement sportif pourrait attirer l’attention internationale sur la situation des animaux au Maroc.
Dans ce contexte, les efforts de sensibilisation du public jouent un rôle déterminant. Les campagnes d’information peuvent aider à réduire la stigmatisation des chiens errants tout en encourageant une meilleure cohabitation entre les habitants et ces animaux. Comment les médias et les organisations non gouvernementales peuvent-ils contribuer à cette prise de conscience collective ?
L’avenir de la gestion des chiens errants au Maroc semble prometteur, mais il ne sera réalisable que par une collaboration étroite entre les autorités, les professionnels de la santé animale et les citoyens. Ce chemin, bien qu’encore semé d’embûches, pourrait témoigner d’un tournant vers une approche plus éthique et durable face à la problématique des animaux errants. Une question subsiste : le Maroc saura-t-il transformer cette intention en une réalité palpable, alignée sur les attentes internationales tout en respectant les contextes culturels locaux ? La réponse à cette interrogation potrebbe bien définir la trajectoire future de cette initiative.