La lenteur des enquêtes en Guinée sur les violences politiques soulève des inquiétudes pour la justice et la réconciliation après le mandat d’Alpha Condé.

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**Enquête sur les crimes sous le régime d’Alpha Condé : une procédure à l’arrêt en Guinée**

La Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest, a connu des années de tensions politiques et sociales pendant la présidence d’Alpha Condé, marquées par des violences récurrentes lors des manifestations. Ces événements tragiques ont laissé des marques indélébiles dans le tissu social, et les appels à justice sont aujourd’hui de plus en plus pressants, notamment avec la tenue d’une enquête sur les crimes commis durant son mandat. Toutefois, la procédure ouverte par le procureur général en janvier 2023 semble stagner, soulevant des interrogations tant sur l’engagement des responsables de la transition que sur l’avenir des victimes et de leurs familles.

Depuis le début de l’enquête, qui a débuté avec l’audition d’une centaine de victimes, ainsi que d’individus mis en cause, un ralentissement de l’activité de la Commission chargée de ces investigations est constaté. Cette situation suscite des inquiétudes parmi les différents acteurs impliqués, dont Me Thierno Souleymane Baldé, avocat des victimes et président de l’Institut de recherche sur la démocratie et l’État de droit (IRDED). Dans un courrier adressé au président de la transition Mamadi Doumbouya, Baldé souligne l’importance d’un soutien actif des autorités pour faire avancer l’enquête. Cette sollicitation témoigne d’une prise de conscience croissante de la nécessité de restaurer la confiance dans l’appareil judiciaire et d’apporter une réponse adéquate aux souffrances vécues par les victimes.

Les témoignages recueillis durant cette enquête font état de violences qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, plongées dans un climat de peur et d’impunité. L’une des figures emblématiques de cette lutte est Amadou Diouldé Diallo, dont la mère tient fièrement son portrait, appelant à la reconnaissance de la souffrance des familles endeuillées par les violences d’État. Le cas d’Amadou soulève une question essentielle : comment les victimes peuvent-elles espérer obtenir justice dans un contexte où les procédures judiciaires semblent au point mort ?

La situation actuelle met en lumière un dilemme complexe : la nécessité de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire tout en assurant une réponse rapide et satisfaisante aux attentes de la société. Les critiques formulées par les avocats des victimes, notamment sur le manque d’avancées depuis les auditions, ne remettent pas en question l’intégrité de la Commission, mais elles invitent plutôt à une réflexion sur les ressources et le soutien accordés à ces structures dans un contexte post-conflit. Les scandales de corruption, les pressions politiques, et les problèmes structurels au sein du système judiciaire guinéen sont autant d’obstacles potentiels qui pourraient entraver le processus judiciaire.

Il est également essentiel de prendre en compte le rôle des organisations locales et internationales des droits de l’homme dans ce contexte. Celles-ci peuvent jouer un rôle de catalyseur en apportant une expertise technique, en facilitant des dialogues constructifs entre les parties prenantes, et en veillant à ce que les voix des victimes soient entendues et respectées. Une collaboration étroite avec des acteurs nationaux comme l’IRDED pourrait enrichir les démarches d’enquête en apportant un éclairage sur les contextes locaux et les dynamiques sociales en jeu.

Pour conclure, la situation actuelle en Guinée est révélatrice des défis qui se posent face à la quête de justice après des années de violences étatiques. La stagnation des enquêtes sur les crimes d’Alpha Condé appelle à une mobilisation collective — des autorités, de la société civile, et des acteurs internationaux — afin d’assurer non seulement un chemin vers la justice pour les victimes, mais également la construction d’un socle démocratique solide basé sur la vérité, la réconciliation, et le respect des droits humains. Quelles solutions pourrions-nous envisager pour revitaliser cette enquête ? Comment renforcer la confiance entre la population et l’État dans un contexte si chargé d’émotions et de douleurs ? Ce sont là des questions essentielles pour l’avenir de la Guinée.

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