L’augmentation des prix du café en Éthiopie soulève des inquiétudes sur la viabilité de cette ressource culturelle essentielle.

En Éthiopie, le café représente bien plus qu
**L’augmentation du prix du café en Éthiopie : une épine dans le cœur de la culture locale ?**

En Éthiopie, le café ne se limite pas à une simple boisson; il est le cœur battant de la culture et un élément essentiel de la vie sociale. Cependant, l’explosion récente des prix, causée par une confluence de facteurs internes et externes, crée des tensions croissantes pour les consommateurs et les producteurs locaux.

### Une hausse significative des prix

La hausse des prix du café, en particulier de l’arabica, a battu des records. Le 25 novembre 2024, son prix de référence a atteint plus de 6,5 dollars le kilo, un sommet inégalé depuis 1997. À l’échelle locale, les prix du kilogramme dans les régions productrices, comme Jimma, ont augmenté de façon alarmante, passant de 450 à 650 birrs (de 2,50 euros à 4,30 euros). À Addis-Abeba, cette tendance s’est encore accentuée, où les prix varient entre 900 et 1 000 birrs (environ 7 euros), contre 600 à 700 birrs auparavant.

Cette situation complexe peut être comprise à la lumière de plusieurs facteurs. Comme l’explique Kiroubel Siyoum, chef des opérations chez Tomoca, une marque de café bien connue, la rareté du produit résulte de problèmes de production aussi bien en Éthiopie qu’à l’échelle mondiale. Les sécheresses qui ont touché le Brésil et le Vietnam, premiers producteurs mondiaux de café, ont exacerbés les conditions de marché.

### Une dévaluation qui pèse sur le commerce

Une des conséquences directes de la nécessité de mécanismes d’assistance financière, comme celle imposée par le FMI, a été la dévaluation du birr à la fin de juillet 2024. Cette dévaluation a provoqué une hausse des coûts pour les petites entreprises, ainsi que pour les grandes marques. Le chiffre avancé par Siyoum est révélateur : le prix du kilo a triplé en l’espace d’une année, plaçant les gérants de café dans une position délicate.

Prenons l’exemple de Meskil, propriétaire du Nabek Coffee Shop à Addis-Abeba. Elle témoigne de la difficulté de s’ajuster à des fluctuations aussi accentuées dans le coût des matières premières : « Les prix grimpent et descendent tout le temps. Mais récemment, ils ont vraiment beaucoup augmenté. » La réponse des caféiers ne peut pas se limiter à compenser les coûts; il s’agit aussi de préserver leur clientèle et leur réputation.

### La réaction des consommateurs

Une partie importante de cette dynamique réside dans la réaction des consommateurs. Dans un pays où le café est un symbole de convivialité et de tradition, l’augmentation des prix n’est pas simplement un sujet économique; elle touche à l’identité culturelle. Comme le souligne Zola, un client quotidien, « aujourd’hui, c’est devenu très cher. […] C’est un pan important de la culture, et de la vie sociale. »

L’augmentation du prix du café a un impact direct sur le quotidien des Éthiopiens. Pour certains, la tasse de café, qui coûte désormais 30 birrs (20 centimes d’euros), représenterait une part significative de leur budget économique. En réponse, les entrepreneurs doivent trouver un équilibre délicat entre la viabilité de leur entreprise et l’accessibilité pour leurs clients.

### Vers une possible solution ?

Le défi est d’autant plus pressant que l’Éthiopie aspire à renforcer sa position sur le marché mondial du café tout en préservant ses traditions locales. Les autorités doivent naviguer dans cette complexe réalité économique pour établir des politiques qui non seulement encouragent la production, mais protègent aussi les consommateurs.

Il est crucial de penser à des solutions durables, telles que la diversification des cultures, l’amélioration des infrastructures liées à la production et à la distribution, et le soutien aux petits producteurs qui sont souvent les plus affectés par ces hausses de prix. De manière plus générale, encourager la consommation de café éthiopien à l’international peut également aider à équilibrer la dynamique économique locale.

### Conclusion

La situation du café en Éthiopie met en lumière des réalités économiques complexes et intimement liées à la culture. Bien que les autorités et les acteurs du marché expriment des satisfactions face à des chiffres d’exportation en hausse, il est essentiel de prendre en considération l’impact de ces hausses sur la population locale. L’avenir du café en Éthiopie pourrait bien dépendre de la capacité du pays à allier tradition et innovation pour naviguer dans un monde du café en mutation rapide. Dans cette réflexion, peut-être que la voix des consommateurs désireux de préserver leur culture leur permettra de redéfinir une relation équilibrée avec leur ressource la plus précieuse.

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