La résurgence des miliciens dans le plateau des Batéké menace la stabilité régionale près de Kinshasa.

La situation sécuritaire à Ibi, située à proximité de Kinshasa, soulève des préoccupations relatives à la stabilité de la région, marquée par la résurgence de miliciens issus d
### La Situation Sécuritaire à Ibi : Analyse d’une Dégradation Alarmante

À seulement 135 kilomètres de Kinshasa, la situation à Ibi, sur le plateau des Batéké, soulève des interrogations préoccupantes quant à la sécurité et à la stabilité de la région. La résurgence des miliciens mobondo, issus d’un conflit communautaire daté de trois ans dans le Maï-Ndombe, a transformé ce territoire rural en un lieu de terrorisme et d’insécurité. Malgré un cessez-le-feu signé en mars dernier, les violences se poursuivent, laissant présager d’une complexité de la situation qui nécessite un éclairage approfondi.

#### Contexte Historique et Social

Le plateau des Batéké est une région riche tant sur le plan culturel que naturel, mais il n’est pas étranger aux tensions communautaires. Ce climat de méfiance entre les groupes Teke et Yaka a nourri des conflits, qui se sont exacerbés au fil du temps, contribuant à la montée en puissance des milices. Les récents témoignages font état d’une escalade de la violence, marquée par des incursions armées dans les villages, des assassinats et des actes de pillage.

L’émergence de ces groupes armés apparait souvent comme une réponse désespérée à des problèmes structurels profonds, notamment l’absence de services publics efficaces, le déclin des activités agricoles, et le manque d’opportunités économiques. Le déplacement et l’abandon des terres agricoles témoignent d’une crise aiguë, aggravée par une crise de confiance en l’autorité publique.

#### Le Rôle de l’armée et des Complicités

Une donnée troublante est l’implication présumée de membres de l’armée, signalée par des sources locales, qui faciliterait les activités des miliciens. Ce lien entre certains militaires et les groupes armés remet en question l’efficacité de l’opération militaire « Ngemba », présentant ainsi un double enjeu : la nécessité de protéger la population et celle de restaurer la confiance envers les forces de sécurité. Un tel contexte nécessite une réflexion sur les stratégies militaires, leur mise en œuvre et leur capacité à répondre aux besoins des communautés locales.

#### Conséquences Humaines et Économiques

Les répercussions de la dégradation sécuritaire sont nombreuses. Des familles fuient leurs maisons, laissant derrière elles des champs laissés à l’abandon et une communauté fragilisée. Le témoignage tragique de certains habitants, tel que celui inquiétant d’un jeune abatteur de bois récemment tué, illustre les dangers auxquels la population est soumise quotidiennement. Ce climat de peur entrave non seulement la vie quotidienne, mais annihile également les efforts de développement local.

D’un point de vue économique, les miliciens ne se contentent pas de mener des attaques ; ils imposent également des taxes sur des activités commerciales, telles que le transport de marchandises, alimentant un cercle vicieux de violence et d’extorsion. C’est une expression frappante du conflit entre les besoins de subsistance des communautés et les actes criminels qui entravent leur autonomie.

#### Vers une Résolution Durable ?

Le constat est amer : le cessez-le-feu, bien que positif sur le papier, n’a pas apporté la paix souhaitée. Cela pose la question : que peut-on faire pour aller au-delà des accords symboliques et établir une paix durable ? Une approche qui intègre les voix des communautés locales, favorisant la réconciliation et la coopération plutôt que les divisions et la méfiance, pourrait être essentielle.

La promotion du dialogue entre les différents groupes communautaires, l’encouragement de la réintégration des miliciens dans la société et la création d’initiatives de développement économique sont quelques-unes des pistes potentiellement bénéfiques. En parallèle, il est impératif que l’État renforce sa présence dans la région, notamment à travers le déploiement de services publics et le soutien à des initiatives locales.

### Conclusion

À Ibi, la fragilité de la paix actuelle pose des défis majeurs, mais elle offre également l’opportunité d’unir les acteurs autour d’un projet commun de résilience et de paix. L’humanité de cette crise ne doit pas être oubliée au milieu des statistiques et des rapports militaires ; elle rappelle à chacun la nécessité d’une approche qui, tout en reconnaissant les complexités, vise à restaurer l’espoir et à construire un avenir meilleur pour les générations futures. La situation nécessite une attention renouvelée, non seulement des autorités nationales mais aussi de la communauté internationale, pour apporter un soutien véritable et dépasser les cycles de violence.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *