### Niger et Orano : Un nouveau chapitre dans une relation complexe
Le 5 mai 2025, les locaux du groupe français Orano et de ses filiales à Niamey ont été soumis à une perquisition par la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) du Niger. Cette opération, qui a duré près de six heures, illustre un tournant significatif dans la dynamique entre les autorités nigériennes et l’entreprise minière, opérant dans un secteur stratégique pour le pays. Ce développement s’inscrit dans un contexte plus large de souveraineté affirmée par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a pris les rênes du pays suite au coup d’État de juillet 2023.
### Un climat de méfiance croissant
Depuis le changement de pouvoir, les relations entre le CNSP et Orano se sont considérablement détériorées. L’affirmation d’une souveraineté plus grande sur les ressources naturelles a apporté avec elle une tension palpable. La DGDSE a emporté des matériels sensibles et le directeur d’Orano au Niger, Ibrahim Coumo, accentuant ainsi la perception d’une volonté de contrôle accru sur les opérations minière et l’information qui y est associée. Ce geste, tout en étant dans le cadre des prérogatives des nouvelles autorités, soulève des interrogations sur les implications à long terme tant pour Orano que pour la stratégie énergétique du Niger.
### L’uranium, un enjeu central
L’uranium est une ressource clé pour le Niger, qui représente l’un des principaux producteurs africains de minerai. Orano, anciennement connu sous le nom d’Areva, a longtemps été l’un des acteurs incontournables dans cette industrie. Toutefois, la situation actuelle est marquée par une complexité accrue. L’entreprise n’exploite plus de mines dans le nord du pays et fait face à des obstacles logistiques pour l’exportation de plus de 1 000 tonnes d’uranium, qui demeurent stockées faute d’accès aux routes du Bénin.
Les restrictions sur l’exploitation minière, notamment avec le retrait du permis d’exploitation du site d’Imouraren, soulignent un changement de paradigme. L’absence de transparence dans les négociations et un dialogue suspendu entre le groupe et le gouvernement exacerbent une situation déjà délicate.
### Les voies de l’arbitrage
Face à cette impasse, Orano a engagé deux procédures d’arbitrage international. Ce choix stratégique soulève plusieurs questions : quelles seront les répercussions sur les relations économiques futures entre la France et le Niger ? Dans quelle mesure ces arbitrages peuvent-ils influencer la position du gouvernement nigérien ou celle d’autres entreprises étrangères ? D’autre part, il est légitime de se demander si cet arbitrage favorise un dialogue constructif ou aggrave la fracture entre les parties.
### Vers une résolution constructive ?
La situation actuelle pourrait également offrir une opportunité de repenser la coopération entre le Niger et les entreprises exploitantes de ses ressources naturelles. Une approche équilibrée pourrait impliquer un dialogue franc sur les enjeux de transparence, de partage des bénéfices et de responsabilité sociale des entreprises. Comment le Niger peut-il sécuriser ses intérêts tout en intégrant les compétences et l’expertise d’entreprises comme Orano ? Quelle place pour la communauté internationale dans ce schéma ?
L’avenir du secteur de l’uranium au Niger dépendra largement de la capacité des autorités à construire un cadre juridique stable et attractif, tout en préservant leur autonomie. La souveraineté ne devrait pas se faire au détriment de la collaboration efficace qui pourrait bénéficier aux deux parties, notamment en matière de développement durable.
### Conclusion
L’épisode récent entre le Niger et Orano met en exergue la complexité des relations autour des ressources naturelles et la nécessité d’un cadre de dialogue constructif. Si d’un côté le Niger affirme sa volonté de souveraineté, de l’autre, il doit également envisager les implications d’un isolement sur la scène internationale. La gestion de ces ressources doit s’inscrire dans un projet à long terme qui favorise l’intérêt national tout en invitant les perspectives étrangères à contribuer à la construction d’un avenir prospère. Les événements à venir seront donc cruciaux pour façonner non seulement le paysage minier mais également les relations économiques dans la région.