### Augmentation des activités du Jnim dans l’Ouest du Mali : Une menace régionale en pleine expansion
Le rapport récemment publié par le Timbuktu Institute met en lumière une réalité préoccupante qui s’est intensifiée ces dernières années dans la région de Kayes, au Mali. Cette zone, autrefois considérée principalement comme un carrefour économique, est désormais confrontée à une montée « exponentielle » des actions du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda. Ce constat, qui interpelle aussi bien les autorités maliennes que celles des pays voisins, soulève des questions cruciales sur la sécurité régionale et les implications socio-économiques qui en découlent.
#### Une stratégie d’isolement ciblée
Les données fournies par le Timbuktu Institute révèlent une multiplication par sept des attaques menées par le Jnim entre 2021 et 2024. Ces attaques, visant principalement les forces de sécurité maliennes, témoignent d’une stratégie claire : isoler Bamako à moyen ou long terme en coupant ses principales voies d’approvisionnement. En s’attaquant aux routes reliant Bamako à Kayes, c’est une dynamique de contrôle territorial qui s’installe, potentiellement déstabilisante pour l’ensemble de la région.
Cette situation est accentuée par des actions de paramilitarisation et de coercition économique, avec des prêches et prélèvements de taxes par le Jnim, qui deviennent de plus en plus courants. Cela pose la question de l’affaiblissement de l’autorité de l’État dans des zones où la présence militaire est déjà compromise, renvoyant à des problématiques de gouvernance qui méritent une attention accrue.
#### Interaction économique : un risque d’infiltration
Au-delà de la violence, le rapport souligne une dimension économique inquiétante. Le Jnim semble s’implanter dans des circuits commerciaux, en particulier à travers le trafic de bétail et de bois, établissant ainsi des réseaux qui vont au-delà des frontières maliennes. Cette infiltration économique pourrait bien être une porte d’entrée vers le Sénégal et la Mauritanie. Les commerçants, poussés par des nécessités économiques, peuvent être tentés de collaborer, même involontairement, avec un groupe qui propose une alternative pour contourner les difficultés économiques locales.
La perspective d’un contrôle croissant du Jnim sur certaines activités économiques dans ces deux pays souligne l’importance d’une surveillance renforcée et d’un dialogue entre États. Cela pose également une question morale : comment les États peuvent-ils répondre à des défis de sécurité tout en respectant le bien-être économique de leurs citoyens, souvent en proie à des difficultés grandissantes ?
#### Vers une réponse collective
Face aux menaces qui pèsent sur la Mauritanie et le Sénégal, le Timbuktu Institute appelle les autorités des trois pays à renforcer leur présence militaire dans les zones transfrontalières. Cependant, une approche uniquement militaire risque de ne pas suffire. L’importance d’une réponse intégrée et holistique, incluant des initiatives socio-économiques et éducatives, apparaît cruciale. En effet, en abordant les racines de l’adhésion potentielle à des groupes comme le Jnim, notamment à travers l’amélioration des conditions de vie, le soutien à l’éducation et la réduction des inégalités socio-économiques, il est possible d’envisager une diminution de l’attractivité de ces groupes.
L’idée d’un partage d’informations accru est également essentielle pour anticiper et contrer efficacement les actions du Jnim. Cela pose alors la question de la confiance entre les États concernés et la possibilité d’une approche collégiale face à un problème qui ne connaît pas de frontières.
#### Conclusion : ouvrir le dialogue
La situation actuelle dans l’ouest du Mali et ses implications transfrontalières soulignent une problématique complexe. Les travaux du Timbuktu Institute mettent en exergue non seulement la nécessité de réponses sécuritaires, mais également l’attention à porter sur les conditions économiques et sociales des populations. Face à des défis aussi multidimensionnels, il semble prudent de promouvoir un dialogue ouvert sur ces réalités. L’échange d’idées et d’initiatives pourrait bien s’avérer un outil précieux pour bâtir un avenir sécurisé, juste et inclusif pour tous les citoyens de la région.
Ainsi, au-delà de la seule question de la sécurité militaire, c’est également la recherche de solutions durables, inclusives et adaptées aux réalités locales qui permettra de construire une résilience face aux menaces du Jnim et à d’autres groupes similaires. Il est crucial de rester engagé dans un processus de réflexion collective, visant à favoriser une stabilité pérenne dans cette région si stratégiquement importante.