Le Kenya mise sur la plantation de bambou pour atteindre un objectif de couverture forestière de 30 % d’ici 2032.

Le Kenya se trouve à la croisée des chemins face aux défis environnementaux croissants, notamment les effets du changement climatique et la déforestation. Dans un effort pour accroître la couverture forestière nationale de 12,13 % à 30 % d’ici 2032, le gouvernement a mis en avant la plantation de bambou, une plante à la croissance rapide, qui pourrait jouer un rôle central dans la restauration des paysages dégradés et la stabilisation des revenus des agriculteurs. Toutefois, la mise en œuvre de cette initiative soulève des questions importantes sur les méthodes de plantation, les risques d
**Bamboo : Une Réponse Durable aux Défis Environnementaux au Kenya**

Le Kenya s’emploie à relever un des défis les plus pressants de notre époque : les effets dévastateurs du changement climatique. Dans ce contexte, le gouvernement a lancé une initiative ambitieuse visant à accroître la couverture forestière du pays, augmentant celle-ci de 12,13 % à 30 % d’ici 2032. Cela soulève des questions essentielles sur les méthodes qui pourraient permettre d’atteindre cet objectif tout en soutenant les communautés locales.

Un des piliers de cette initiative est la promotion de la plantation de bambou, une plante souvent méconnue dans ses vertus écologiques et économiques. Contrairement aux idées reçues, le bambou n’est pas un arbre mais une graminée, et il est reconnu pour sa croissance rapide, capable d’atteindre 30 mètres en seulement trois ans. Cette caractéristique en fait une plante particulièrement attrayante pour les agriculteurs confrontés à des aléas de marché, comme l’explique Njoki Wainaina, agricultrice locale : « Avec le bambou, après cinq ans, vous aurez plus de vingt chaumes, offrant une source de revenus plus stable en cas de fluctuation des prix du thé. »

Au-delà de ses avantages économiques, le bambou joue un rôle crucial dans la restauration des paysages dégradés, une priorité pour le Kenya qui vise à restaurer 5,1 millions d’hectares de terres. Selon la Kenya Forest Research Institute (KEFRI), cette plante possède une racine robuste qui aide non seulement à prévenir l’érosion des sols, mais aussi à purifier l’eau en capturant les polluants. Ce double avantage est particulièrement pertinent, car certaines régions du Kenya sont affectées par la pollution des cours d’eau.

Par ailleurs, le bambou démontre de fortes capacités de séquestration du carbone. Les études montrent qu’il peut capturer jusqu’à 30 % de CO2 en plus que les espèces d’arbres à feuilles larges. Cela pourrait être un atout important pour le pays dans sa lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, un enjeu majeur au cœur des discussions climatiques mondiales.

Cependant, plusieurs questions légitimes se posent quant à l’intégration du bambou dans les systèmes agricoles traditionnels. Bien que ses avantages économiques et environnementaux soient indéniables, il convient de s’interroger sur le risque d’invasivité mentionné par certains experts. La mise en œuvre de techniques de plantation appropriées, comme planter le bambou à intervalles spécifiques, est suggérée pour atténuer ce risque. Il est essentiel que la sensibilisation et l’éducation des agriculteurs sur ces pratiques soient prioritaires pour éviter des effets indésirables.

D’autre part, la production de produits dérivés du bambou, soutenue par des organisations non gouvernementales telles que Back to Basics, illustre comment ce matériau peut générer des revenus. Aisha Karanja, fondatrice de l’organisation, souligne la polyvalence du bambou, qui permet non seulement de promouvoir l’autonomisation économique, mais aussi de conserver l’environnement. C’est une approche holistique qui mérite d’être explorée plus avant, en tenant compte des besoins et des aspirations des communautés locales.

Il est également crucial de ne pas sous-estimer le rôle de la culture et des connaissances traditionnelles dans l’adoption du bambou. Chaque région du Kenya a ses propres spécificités écologiques et culturelles qui influencent la manière dont les agriculteurs pourraient intégrer cette plante dans leurs systèmes de culture existants. Par conséquent, une approche de « co-construction » impliquant les agriculteurs dans la planification et le déploiement de projets liés au bambou pourrait enrichir les connaissances et faciliter une transition plus douce.

En synthèse, l’initiative du Kenya de promouvoir le bambou comme un outil pour lutter contre le changement climatique et améliorer les moyens de subsistance est prometteuse. Cependant, le succès de cette démarche dépendra d’une mise en œuvre soigneusement planifiée, tenant compte des savoirs locaux et des défis environnementaux spécifiques. La réflexion sur le bambou devrait donc s’étendre au-delà de ses avantages évidents pour envisager une intégration durable et respectueuse des écosystèmes en place. Une telle approche pourrait ouvrir la voie à des solutions innovantes, susceptibles d’œuvrer à l’équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement.

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