### Le Maroc face aux chiens errants : entre préoccupations sanitaires et exigences éthiques
À l’approche de la Coupe du Monde de football 2030, le Maroc a entrepris une campagne controversée pour gérer sa population de chiens errants, visant à en abattre jusqu’à 3 millions. Cette initiative suscite de vives tensions tant sur le plan local qu’international, notamment de la part de la Coalition Internationale pour les Animaux qui comprend vingt organisations de protection des animaux. Si le gouvernement marocain affirme que les abattages ont cessé depuis août 2024, la question de la gestion des animaux errants demeure un sujet délicat, mêlant enjeux sanitaires, préoccupations éthiques et respect des droits des animaux.
#### Un enjeu de santé publique ?
Le Maroc, comme d’autres pays, fait face à une réalité complexe concernant les chiens errants. Ces animaux, bien que souvent inoffensifs, peuvent représenter un risque pour la santé publique. En effet, des maladies comme la rage peuvent se propager par l’intermédiaire des animaux errants et constituer une problématique pour les populations humaines. Les autorités marocaines avancent qu’une gestion proactive de cette population est nécessaire pour protéger à la fois les citoyens et les chiens eux-mêmes, prévenant ainsi des situations où les animaux souffrent de malnutrition et de maladie dans les rues.
Cette dynamique soulève néanmoins des questions cruciales : quelle est la meilleure méthode pour aborder ce sujet de manière humanitaire ? Des solutions alternatives telles que la stérilisation, la vaccination et l’adoption semblent être des pistes prometteuses, favorisant une approche plus respectueuse des droits des animaux tout en répondant aux préoccupations de santé publique.
#### Réactions internationales
La campagne d’abattage a provoqué une vague d’indignation. La Coalition Internationale pour les Animaux a vivement critiqué cette initiative, appelant à une réflexion sur les pratiques en matière de traitement des animaux errants. Brigitte Auloy, directrice du Pôle International de la Fondation Brigitte Bardot, a exposé son point de vue sur Fatshimetrie, soulignant que l’abattage en masse ne doit jamais être une solution acceptable et appelant plutôt à des approches basées sur le respect des animaux.
La pression internationale est d’autant plus palpable dans un monde où les normes de bien-être animal gagnent en importance. Les différentes alertes lancées par des organisations actives dans ce domaine posent la question de la responsabilité du Maroc sur la scène mondiale : comment peut-il concilier ses engagements en matière de bien-être animal avec les besoins perçus de ses citoyens en matière de sécurité publique ?
#### Vers une approche concertée
La situation actuelle semble donc impliquer une réflexion profonde sur les moyens de gestion des animaux errants. Des solutions positives, respectant à la fois les impératifs de santé publique et les droits des animaux, semblent nécessaires. Il serait opportun d’explorer des programmes de stérilisation en masse, d’encourager les adoptions et de promouvoir des campagnes de sensibilisation sur la cohabitation entre humains et animaux.
Le Maroc pourrait également bénéficier d’un dialogue inclusif avec les organisations de protection des animaux, favorisant une approche pragmatique et collective axée sur le bien-être à long terme des animaux. En fédérant les efforts d’ONG locales et internationales, ainsi que des autorités locales, il serait possible d’établir des cellules de réflexion qui permettraient d’adopter les meilleures pratiques existantes ailleurs dans le monde.
#### Conclusion
La gestion des chiens errants au Maroc est un enjeu complexe qui soulève de nombreuses questions éthiques et pratiques. La nécessité d’assurer la sécurité des citoyens tout en respectant les droits et le bien-être des animaux appelle à une réflexion nuancée et à des solutions hybrides. Pour aller de l’avant, une approche collaborative et humaniste, prenant en compte les préoccupations de toutes les parties prenantes, semble indispensable. En définitive, ce débat souligne l’importance d’une dialogue ouvert et informé, capable d’éclairer un chemin vers des solutions durables.