**Pénurie d’eau à Mbuji-Mayi : Un tableau de défis socio-économiques et de solutions nécessaires**
La ville de Mbuji-Mayi, située au cœur du Kasaï-Oriental en République Démocratique du Congo, traverse une crise de l’approvisionnement en eau potable qui soulève des préoccupations profondes tant sur le plan social qu’économique. Depuis plus d’un mois, les habitants se retrouvent confrontés à une pénurie d’eau qui s’intensifie, accentuée par des problèmes structurels et opérationnels au sein des services publics.
La Régie de distribution d’eau (REGIDESO), en charge de l’approvisionnement en eau dans les provinces du Kasaï-Oriental, de Lomami et du Sankuru, cite une déficience énergétique comme l’élément déclencheur de cette crise. L’incapacité de la Société nationale d’électricité (SNEL) à fournir un courant suffisant empêche le fonctionnement des pompes nécessaires à la distribution d’eau. Cette situation est exacerbée par une panne d’un groupe motopompe d’une capacité de 900 m³/h, réduisant la production d’eau à seulement 400 m³/h grâce à un système thermique de secours, qui, selon les experts, n’est pas une solution durable.
Les conséquences de cette intrinsèque interconnexion entre l’eau et l’électricité sont palpables pour les résidents, notamment dans des quartiers comme Dipumba et Tshiatshiatshia. Aimé Nzeba, habitant du quartier Dipumba, illustre cette réalité difficile en indiquant que les habitants doivent parcourir de longues distances dès l’aube pour s’approvisionner, témoignant d’une quotidienneté marquée par des défis logistiques aggravant la situation. Les prix d’un bidon d’eau de 20 litres, qui étaient accessibles, atteignent désormais des sommes considérables, allant de 1 500 à 2 000 francs congolais (environ 0,72 USD), un investissement lourd pour de nombreux ménages.
Didier Mbudi Lelo, directeur régional de la REGIDESO, décrit cette situation comme dégradante, affirmant qu’auparavant, l’approvisionnement était assuré pendant environ sept heures par jour, alors qu’actuellement, il ne dépasse pas trois heures. Ce contraste met en lumière la dégradation du service public face à des enjeux techniques et infrastructurels.
Au-delà des implications immédiates, cette pénurie d’eau soulève des questions cruciales sur la gestion des ressources et la responsabilité des institutions. Le gouverneur de province, Jean-Paul Mbwebwa, qualifie l’accès à l’eau de « bien vital », faisant écho à un appel urgent à l’action pour une solution structurelle. Pourtant, ces défis ne relèvent pas uniquement d’un contexte local : ils s’inscrivent dans une réalité nationale où les infrastructures sont souvent vieillissantes et les mesures de développement restent insuffisantes.
La recherche de solutions pourrait impliquer une approche pluridisciplinaire, alliant investissements dans les infrastructures énergétiques et hydrauliques ainsi qu’une gestion plus efficace des ressources existantes. L’idée d’un partenariat entre les différentes entités gouvernementales et les acteurs privés pourrait également s’avérer bénéfique. En intégrant des technologies modernes et en renforçant les systèmes de distribution d’eau, il est possible d’esquisser des pistes prometteuses à cet égard.
Les répercussions de cette pénurie vont bien au-delà de la simple difficulté d’accès à l’eau. Elles touchent à la santé publique, à la sécurité alimentaire et à la stabilité économique des ménages. Une prise de conscience collective, accompagnée d’une volonté politique forte et d’initiatives locales, est requise pour sortir de cette situation complexe.
Cette crise à Mbuji-Mayi pourrait donc être envisagée non seulement comme un obstacle, mais aussi comme une opportunité d’engager un dialogue constructif sur les infrastructures essentielles, la durabilité des ressources et le bien-être des citoyens. Un examen attentif des processus en cours et la mise en œuvre de solutions adaptées pourraient offrir une voie vers un accès équitable à l’eau, garantissant ainsi un avenir meilleur pour les habitants de cette ville vibrante mais éprouvée.