**Renforcer la cohésion sociale et la paix durable : Les nouveaux projets pour le Grand Nord-Kivu**
Le lancement des projets Muda wa Amani II et Responsive Stabilisation Through Transition (RESET) à Beni, le 12 avril 2025, s’inscrit dans une dynamique complexe. Ces initiatives, soutenues par la MONUSCO et des partenaires internationaux, visent à répondre à une problématique sociopolitique profondément enracinée dans le Nord-Kivu, région souvent touchée par des violences armées et des tensions communautaires. En unissant leurs forces, ces programmes ambitionnent d’apporter une réponse efficace à la crise sécuritaire et socioéconomique qui touche de nombreuses populations locales.
### Contexte socioéconomique du Nord-Kivu
Le Nord-Kivu a longtemps été un épicentre de conflits armés, avec des dynamiques locales influencées par des causes historiques, économiques et sociopolitiques. Les groupes armés, les rivalités ethniques et les luttes pour le contrôle des ressources naturelles ont créé un climat difficile pour les communautés. Au sein de ce contexte, la cohésion sociale apparaît comme un défi majeur. Les jeunes, souvent laissés pour compte, se retrouvent exposés à des risques de radicalisation et de violences.
### Les objectifs des projets : vers une réintégration durable
Le projet Muda wa Amani II, mené par l’ONG suisse HEKS-EPER, et le programme RESET, coordonné par Mercy Corps, visent à promouvoir la réintégration socioéconomique et à favoriser une gouvernance inclusive. La durée de ces projets, 18 mois chacun, peut être considérée comme une première étape dans un processus potentiellement long et complexe de stabilisation. Leurs objectifs principaux incluent :
1. **Dialogue communautaire pour apaiser les tensions** : Investir dans le dialogue entre différentes communautés peut permettre de dénouer des conflits latents et de favoriser la paix locale. Cela demande une approche structurée et respectueuse des particularités locales.
2. **Opportunités économiques pour les jeunes à risque** : En développant des programmes spécifiques pour les jeunes, ces projets cherchent à offrir des alternatives concrètes à la violence. Cela incluera des formations professionnelles et des initiatives de création d’emploi, visant à réduire le sentiment d’impuissance et d’abandon.
3. **Développement agricole et accès aux marchés** : Le renforcement des systèmes agricoles peut non seulement améliorer la sécurité alimentaire, mais également intégrer les populations dans un cycle économique régulier, favorisant ainsi les échanges et la coopération.
### Appels à l’action et responsabilités collectives
Jean de Dieu Ntanga Ntita, coordonnateur national du PDDRC-S, a souligné l’importance de l’implication des groupes armés dans ce processus de paix. Son appel à « déposer les armes » reflète une réalité incontournable : la paix ne peut être atteinte sans l’engagement de toutes les parties prenantes. La mobilisation des autorités, des communautés et des acteurs locaux sera cruciale pour la réussite de ces initiatives.
Khaled Ibrahim, représentant de la MONUSCO, a réaffirmé l’importance du soutien multiforme apporté par les partenaires. Toutefois, cette responsabilité ne doit pas être reprise par quelques acteurs seulement. La pérennité de ces initiatives dépend également de l’implication des populations bénéficiaires, qui doivent se sentir acteurs de leur propre renouveau.
### Vers une approche systémique
Il convient de souligner que la problématique du Nord-Kivu ne peut se résoudre uniquement par des interventions ponctuelles. Le succès des projets dépendra de leur capacité à s’intégrer dans une stratégie plus vaste, qui considère les dimensions politiques, économiques et sociales de la région. Le renforcement de la gouvernance, la lutte contre la corruption, et l’accès équitable aux ressources sont des enjeux indissociables du processus de stabilisation. Il est essentiel d’engager les acteurs locaux dans un dialogue tout au long de ces initiatives, afin de s’assurer que les solutions proposées répondent réellement aux besoins et aux aspirations de la population.
### Conclusion
Les projets Muda wa Amani II et RESET représentent une tentative précieuse d’aborder les défis complexes de la paix et de la coexistence pacifique au Nord-Kivu. Le chemin vers une stabilité durable sera semé d’embûches, nécessitant un engagement à long terme et une volonté collective de transformation. L’éducation, le dialogue, et les opportunités économiques doivent constituer le socle d’une stratégie holistique, où chaque voix peut être entendue et chaque personne impliquée peut devenir un acteur de la paix. Dans ce sens, la communauté internationale, les leaders locaux, et chaque citoyen ont un rôle à jouer pour construire ensemble un avenir plus serein et inclusif.