**Gabon : Un tournant historique à l’approche des élections présidentielles de 2025**
Le Gabon se prépare à un moment charnière de son histoire politique. Le 12 avril 2025, les 2,3 millions d’électeurs s’exprimeront sur le choix de leur président, dans le contexte d’une transition marquée par le coup d’État de 2023 qui a vu Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien chef de la garde républicaine, prendre les rênes du pays. Cette élection se veut non seulement un retour à l’ordre constitutionnel, mais aussi un test pour un pays riche en ressources pétrolières, mais dont l’économie est ravagée par des années de mauvaise gestion.
### Les enjeux d’une transition
Après plus de 50 ans de pouvoir Bongo, le Gabon tente de se redéfinir. Les défis sont nombreux : chômage élevé, infrastructures publiques défaillantes, systèmes éducatif et sanitaire en crise. Les attentes des citoyens envers le nouveau régime sont sans précédent, compte tenu des promesses de changement évoquées par Oligui Nguema. Ce dernier a bâti sa campagne sur la notion de « bâtisseur », collectant les soutiens d’innombrables mouvements et associations, tout en s’adonnant à une campagne très visible sur les réseaux sociaux.
Cependant, derrière cette dynamique se cache une question cruciale : les Gabonais peuvent-ils vraiment espérer un changement radical ? Alors que certains analystes qualifient ce retour à des élections comme un simple habillage d’une continuité du pouvoir, d’autres soulignent l’importance d’une participation citoyenne active pour impulser des réformes nécessaires.
### Une campagne électorale atypique
La campagne de 13 jours a été marquée par une disproportion entre les candidats. Oligui Nguema, fort de son implantation médiatique, a effacé ses concurrents, dont Alain-Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre, qui s’est positionné en tant que « candidat de la rupture ». Ce dernier, avec ses critiques sur le manque de transparence et de liberté dans le processus électoral, incarne le sentiment d’une partie de la population qui aspire à une véritable rupture avec le passé.
Les promesses en matière de bonne gouvernance, de réformes économiques et sociales, sont essentielles. Les Gabonais savent que ces engagements nécessitent des suivis concrets et des mécanismes de contrôle que seul un système démocratique robuste peut offrir.
### Le rôle de l’observation électorale
Dans un contexte où la méfiance à l’égard des institutions prévaut, la présence de missions d’observation électorale est cruciale. Ces dernières, formées de près de 2 450 observateurs, pourraient jouer un rôle déterminant dans la perception de la légitimité du scrutin. La promesse d’un scrutin « libre et transparent » sera mise à l’épreuve, et les résultats, attendus dès le lundi suivant, détermineront non seulement l’avenir politique d’Oligui Nguema, mais aussi le climat social du pays.
#### La mobilisation électorale : Un indicateur des attentes
La journée fériée décrétée avant le scrutin et la gratuité des transports publics témoignent d’un effort de mobilisation des électeurs. Les appels à la mobilisation de diverses associations soulignent l’importance d’une participation massive, non seulement pour renforcer la légitimité du vote, mais aussi pour prouver qu’un changement est souhaité et réalisable par le peuple.
### Perspectives d’avenir
Au-delà du scrutin, le Gabon est à la croisée des chemins. Le futur président, quel qu’il soit, doit être conscient que les défis structurels persistent. Il devra naviguer entre la nécessité de moderniser l’économie et le besoin d’une politique plus inclusive et respectueuse des libertés. Une question centrale demeure : comment bâtir un Gabon qui répond à la volonté de ses citoyens tout en évitant les erreurs du passé ?
L’élection de 2025 pourrait ainsi s’inscrire dans une dynamique plus large, celle d’une peuples dont les attentes grandissantes appellent à un nouveau contrat social. Ce moment est propice non seulement à un changement de leaders, mais aussi à une redéfinition des attentes et des pratiques démocratiques dans tout le pays. Les Gabonais sont en droit d’espérer que l’issue de cette élection, quelle qu’elle soit, pose les fondations d’un nouvel avenir.