**Des consultations politiques en RDC : Quelle voie vers l’unité nationale ?**
_Le contexte actuel de la République Démocratique du Congo (RDC) est marqué par des défis politiques et sécuritaires majeurs, notamment face à l’avancée du mouvement rebelle M23 à l’est du pays. Dans ce cadre, le Président Félix Tshisekedi a mandaté son conseiller spécial, Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, pour mener des consultations politiques en vue de former un gouvernement d’union nationale. Dans ce processus, force est de constater que les résultats obtenus soulèvent des questions fundamentalement importantes sur l’inclusivité et la légitimité de ces initiatives._
### Les consultations : une opportunité manquée ?
L’initiative présidentielle de constituer un gouvernement d’union nationale a pour objectif affiché de renforcer la cohésion face à une menace sécuritaire imperceptible mais bien réelle. Toutefois, l’absence d’engagement de la part de l’opposition, incarnée par des figures telles que Martin Fayulu et Moïse Katumbi, a fortement limité la portée de ces consultations. Ces leaders politiques ont exprimé des réserves quant à la légitimité des dialogues conduits sans la supervision d’institutions reconnues telles que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ou l’Église du Christ au Congo (ECC).
Ce refus de départager et de comprendre les prérogatives d’un échange inclusif soulève des interrogations cruciales : comment établir un gouvernement qui représente réellement l’ensemble de la nation en l’absence d’un dialogue avec l’opposition ? Ne serait-il pas bénéfique, pour la pérennité de la paix et de la stabilité, de réfléchir à un dialogue national plus inclusif ?
### La fragmentation politique : un obstacle à l’unité
L’histoire politique récente de la RDC est malheureusement jalonnée de tensions entre le pouvoir en place et les différents courants de l’opposition. Les accusations de manque de légitimité du gouvernement, souvent exprimées par l’opposition, exacerbent cette fragmentation politique. Dans un contexte où les citoyens sont déjà confrontés à des défis sociopolitiques, l’incapacité à forger un consensus autour de la sécurité et de la gouvernance pourrait potentiellement aggraver la désunion.
Les consultations menées par Eberande Kolongele, bien qu’apparemment bien intentionnées, illustrent une dynamique souvent répétée : des efforts déployés pour rétablir la paix et l’unité alors que les divergences profondes demeurent inébranlables. Au sein de cette configuration, la question émerge : quelles stratégies pourraient alors favoriser une véritable inclusion de l’opposition avant d’envisager un travail collégial ?
### La nécessité d’un dialogue inclusif
Les opinions divergentes autour des consultations récentes mettent en lumière l’importance d’un dialogue substantiel, non seulement entre les forces politiques, mais aussi impliquant des acteurs de la société civile et religieux. En intégrant ces voix, non seulement le gouvernement gagnerait en légitimité, mais il pourrait également développer une feuille de route collective pour aborder les défis sécuritaires.
Il pourrait être judicieux pour le gouvernement de créer des espaces de dialogue où tous les acteurs de la société congolaise se sentiraient dignes d’y participer. Cette approche impliquera peut-être des concessions, mais elle pourrait également ouvrir la voie à une unité nationale durable, capable de faire face aux menaces extérieures comme intérieures.
### Conclusion : Vers une synergie constructive
Cette période charnière pour la RDC ne doit pas être sous-estimée. La crise actuelle révélant l’état fragile du consensus national appelle à l’émergence d’une stratégie collective. Au lieu de s’appuyer uniquement sur les structures gouvernementales habituelles, les acteurs politiques pourraient envisager de nouvelles formules collaboratives qui favorisent la confiance mutuelle.
Construire un avenir politique stable et inclusif ne dépend pas seulement des intentions, mais aussi de la capacité à écouter et à rassembler. Le chemin vers une réelle unité nationale est semé d’embûches, mais c’est éventuellement en cultivant des échanges constructifs que la RDC pourrait espérer surmonter ses défis contemporains et bâtir un avenir commun.