**Titre : La présence militaire américaine au Panama : entre héritage historique et nouvelles ambitions géopolitiques**
Le 11 avril 2025, un nouvel accord entre les États-Unis et le Panama a été signé, autorisant le déploiement de troupes américaines autour du canal de Panama. Cette décision est l’aboutissement d’un processus complexe qui s’étend au-delà de simples considérations sécuritaires et touche à des questions de souveraineté, d’identité nationale et d’influence géopolitique.
### Un contexte historique délicat
Le canal de Panama, achevé en 1914 par les États-Unis, a été cédé au Panama en 1999 après des années de tensions entourant la présence militaire américaine. Cette cession, bien que perçue comme une victoire pour la souveraineté panaméenne, laisse des traces durables dans la mémoire collective du pays. Les événements liés à la victoire américaine sur le dictateur Manuel Noriega en 1989, par exemple, sont encore très présents dans les débats politiques actuels. La réintroduction de troupes américaines, même sous le prétexte d’une coopération soutenue, évoque inévitablement des souvenirs douloureux pour beaucoup de Panaméens.
### Un besoin de protections et d’influences
L’accord signé par le ministre panaméen de la Défense, Frank Abrego, et le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, stipule que les troupes américaines pourront mener des activités d’entraînement et d’aide humanitaire mais exclut toute installation permanente. Cependant, le spectre d’une présence militaire plus substantielle demeure et pourrait susciter des craintes dans une région déjà en proie à des tensions politiques.
La Maison Blanche, sous l’administration de Donald Trump, considère le canal de Panama comme un point stratégique pour contrer l’influence croissante de la Chine en Amérique latine. Cela soulève la question : quels sont les véritables motivations derrière cette collaboration? Est-elle motivée par un désir authentique de sécurité régionale, ou s’inscrit-elle dans une lutte de pouvoir plus complexe pour l’influence en Amérique latine?
### Réactions sur le terrain : entre soutien et contestation
Les réactions à cet accord ont été diverses et souvent contrastées. Si certains politiciens affirment que cela renforce la souveraineté et la sécurité du Panama, d’autres, comme le dirigeant syndical Saúl Méndez, voient cela comme un « acte de trahison ». Cette dichotomie expose les fractures au sein de la société panaméenne à propos de l’influence étrangère et de la manière dont elle est perçue.
Il convient de se demander en quoi l’opinion publique panaméenne peut influencer la mise en œuvre de cet accord. Les manifestations organisées à la suite de l’annonce de cet accord montrent que la sensibilité autour des bases américaines et de leur impact sur la souveraineté nationale reste vive.
### Une opportunité pour une coopération révisée
Cet accord pourrait offrir non seulement de nouvelles perspectives en matière de sécurité mais également une occasion de collaborer sur des enjeux transnationaux comme le narcotrafic, le changement climatique ou encore la migration. Toutefois, pour que cette coopération soit perçue comme bénéfique et légitime, il est essentiel que le Panama conserve une position diplomatique d’égalité, évitant ainsi les dynamiques du passé qui pourraient altérer sa souveraineté.
La révision de documents comme le communiqué conjoint, qui aurait omis des éléments fondamentaux concernant la souveraineté du Panama, souligne la nécessité d’une communication claire et d’une transparence dans les relations bilatérales. La construction d’une relation de respect mutuel pourrait-elle apaiser les craintes et favoriser un dialogue ouvert sur les termes de la coopération militaire ?
### Conclusions : bâtir des ponts pour l’avenir
La question de la présence militaire américaine au Panama est ainsi un microcosme des enjeux plus larges de la géopolitique régionale. Ce nouvel accord pourrait potentiellement servir de modèle d’interaction entre le Panama et les États-Unis, mais cela dépend largement de la façon dont il sera mis en œuvre. Cela nécessite un engagement authentique des deux parties pour respecter l’indépendance du Panama tout en maintenant des discussions sur des menaces communes.
L’héritage colonial et les luttes d’influence contemporaines rendent la situation délicate. Au-delà des tensions, il existe une opportunité. Un dialogue basé sur le respect des souverainetés respectives pourrait offrir une voie vers un avenir où la coopération sécuritaire soit synonyme de stabilité et non de soumission.