**Sur la Barre de Glace : Les Femmes de l’APK et le Défi de la Réalité Congolaise**
Bandundu, 9 avril 2025. L’Assemblée provinciale du Kwilu a vu, mercredi dernier, un subtil ballet de mots pleins de promesses, teintés de larmes conservées pour les coulisses. L’ambiance, à la fois chargée d’espoir et de tension, était palpable – comme un souffle froid dans une pièce trop petite pour la grandeur des aspirations de ses femmes.
« La femme au sein de l’APK ne représente même pas 10% des postes de commandement. » Ces mots, prononcés par Claude Kumpel Mpasi, le président de l’APK, sont plus qu’une simple statistique ; ils sont le reflet d’une réalité cinglante et d’un constat amer. Comment peut-on espérer que les femmes, majoritaires dans la population, puissent rester invisibles à la table des décisions qui les concernent ? Dix pourcents. C’est ce chiffre qui fait grincer les dents et bredouiller les promesses. Le silence qui en découle est assourdissant.
Sonia Masini Kafuka, porte-voix féminin de l’APK, ne s’en cache pas : « Les maux qui rongent la femme sont, notamment, la discrimination, les agressions diverses et des coutumes rétrogrades. » Évoquer ces problèmes, c’est poser le doigt sur une plaie béante, mais encore faut-il que cette douleur soit entendue et soit suivie d’actes. L’appel à l’implication de l’autorité budgétaire semble pourtant, lui aussi, flotter au gré des promesses en l’air. Une autorité qui, souvent, se limite à l’anecdotique quand il s’agit on l’aura compris d’appuyer la cause féminine.
Cette tension entre les mots d’encouragement et la cruauté de la réalité trace une ligne fissurée sous les pieds des femmes de l’APK. Éduquer une femme, dit-on, c’est éduquer toute une nation. Mais quelle nation éduquons-nous vraiment quand les paroles vagabondent sans impact tangible ? Pendant que les hommes s’installent dans des fauteuils confortables, les femmes jonglent avec des réalités complexes : mariage précoce, mutilation des organes génitaux, et le phénomène « Kitiul » qui, sous des airs peut-être picaresques, reste un symbole de l’inégalité qui gangrène la société toute entière.
La question qui se pose alors, c’est : qui entend réellement les cris de ces femmes ? Ces slogans, ces journées de sensibilisation sont-elles un nouveau glissement sur la barre de glace déjà trop fine qui sous-tend les droits des femmes en RDC ? Au-delà des discours, ce nécessaire appel à l’autonomisation des femmes de l’APK ne sera-t-il qu’un simple feu de paille ?
Parlons-en franchement. Dans ce jeu politique où les femmes doivent se battre chaque jour non seulement pour leur place, mais pour leur voix, le véritable changement semble aussi lointain qu’une étoile perdue dans les ténèbres. Les discours prometteurs peuvent, malgré leur dignité et leur noblesse, se heurter à un mur de réalité : les habitudes bien ancrées, les comportements le plus souvent machistes, et une culture qui valorise encore l’inaction.
Ainsi, dans ces murs historiques de l’APK, entre tradition et modernité, le défi des femmes pourrait se résumer à cette phrase simple : ne sont-elles pas plus que de simples chiffres sur un papier ? La conciliation des rôles pourrait-elle mener à une transformation réelle, ou resterons-nous prisonniers d’un cycle de discours qui ne parviennent pas à transformer la réalité ?
Au milieu de ce balancement incertain entre le désespoir et l’espoir, un potentiel éclat de lucidité se dessine. Peut-être que, pour une fois, les femmes de l’APK ne se contenteront pas de glisser inaperçues sur cette barre de glace instable, mais choisiront de la briser. Après tout, chaque silence peut être rompu, chaque douleur entendue. Alors, qui se lèvera pour que ces 10% deviennent 50, voire plus ? La réponse reste à écrire – et peut-être est-il temps que les femmes de l’APK en deviennent les autrices.