un procès pour viol sur mineure met en lumière l’impunité et les silences d’une société à kinshasa

À Kinshasa, l
**Kinshasa : Les voix étouffées d’une vérité à craquer**

Kinshasa. Une ville vibrante, pleine de contradictions, où la lumière et l’ombre s’enlacent dans un ballet troublant. Le 9 avril 2025, l’audience d’un procès a lieu à Kinkole, mais l’écho de cette affaire est bien plus que la simple mise en lumière d’un dossier de viol sur mineure. Elle résonne comme un cri étouffé, un appel à la justice inachevée et surtout, une fenêtre sur l’impunité qui gangrène les rues de cette capitale.

Christelle, 15 ans, victime désignée, a vécu l’horreur de ce qui devrait être l’abri d’un foyer. Le lit paternel, sanctuaire par excellence, devient le théâtre d’un drame insupportable où Charly, 17 ans, aurait abusé d’elle. On peut voir les regards des pères de famille dans ce coin de N’sele qui s’étranglent en imaginant le fracas de la trahison, cet acte de destruction qui ne s’arrête jamais vraiment. Qui est vraiment la victime ici? Christelle, mais aussi son père, dont le monde s’écroule avec la découverte de cette violation de l’innocence.

Mais creusons un peu. La défense de Charly, sans surprise, cache derrière des noms d’amitié et de bonnes relations un véritable nuage de contradictions. « Rien ne prouve qu’il ait eu des relations amoureuses », affirme son avocat. Quelle est la définition d’une relation amoureuse dans ce contexte? Un battement de cœur ou un simple frisson partagé dans un lit occupé par un père qui ne devrait jamais être le témoin d’une telle ignominie? Cette phrase résonne comme une tentative désespérée de diluer la gravité des accusations. Qu’appelle-t-on alors à Kinshasa, une relation amoureuse? Un sourire échangé, une conversation volée au coin d’une rue? La légèreté de ce raisonnement face à la gravité de la situation fait frémir.

Dans ces moments-là, le rôle de la société devient alors éminent. Comment cette communauté, ce microcosme de Kinshasa, perçoit-il le viol sur mineure? Est-ce une question de réputation, de honte? Charly est-il, lui aussi, une victime d’un système qui ne laisse que peu d’espace pour la compréhension, la réhabilitation, voire la rédemption? La justice fait-elle peur ou est-elle simplement inapte à gérer ces réalités trop complexes pour être entendues?

Le ministère public réclame une expertise médicale, un pas en avant peut-être, mais au fond, qui croit encore au système judiciaire au Congo? Combien de vérités se perdent dans les méandres d’un tribunal où l’émotion s’estompent parfois face à des règles aussi froides qu’un acte administratif? À quoi bon savoir si Christelle a effectivement subi un traumatisme, quand tous autour vivent dans la peur d’un événement qui ne fait qu’approfondir leur vulnérabilité? Las, c’est un effort louable, mais insuffisant pour balayer les nuages sombres d’un passé qui continue de hanter le présent.

Nous devons aussi nous interroger, en tant que société, sur notre propre complicité dans ces silences. Voici une histoire crue, vécue dans un quartier sans histoire, qui ne fait que succomber sous le poids des secrets. Combien de Christelle et de Charly erreront encore dans l’indifférence, piégés par un monde qui, souvent, reste aveugle à la souffrance des plus vulnérables ? Cette affaire n’est pas qu’une performance de tribunal, c’est un reflet. Le miroir d’une société qui peine à panser ses blessures.

La lumière, pour Christelle, n’est pas encore là. Quant à Charly, peut-être est-il aussi une figure tragique, explorant les confins d’une adolescence déjà marquée par l’angoisse. Qui sait si cette instance fera éclore une discussion plus large sur la violence sexuelle, la protection de l’enfance, et la complexité des relations humaines dans une ville pleine d’histoires inachevées?

À Kinshasa, de telles affaires continueront d’affleurer tant que nous n’aurons pas décidé d’écouter la voix de ceux qui crient, même tout au fond de ce silence qui aspire tant. Ce procès, ce jour-là, n’est qu’une des nombreuses scènes d’un drame dont les acteurs sont aussi nombreux que leurs maux sont invisibles. Les yeux s’ouvrent, lentement. La route est longue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *