**Kinshasa, un gouvernement d’Union nationale : la promesse d’un renouveau ou l’énième illusion ?**
Dans les couloirs feutrés de Kinshasa, le 9 avril 2025, la scène politique du Congo se débat dans une danse d’ombres et de promesses. Les Consultations politiques, orchestrées par le gouvernement en place, semblent avoir un objectif clair : produire un nouveau moule pour un gouvernement d’Union nationale. Un souffle de renouveau, disons-nous, pour masquer une réalité bien plus complexe. Mais le véritable enjeu se cache derrière le vernis de l’inclusivité et de la solidarité nationale. Peut-on vraiment croire à l’émergence d’un gouvernement des titans, lorsque le tissu même de la société congolaise est usé par des décennies de désillusion et de corruption ?
Justin Mbemba, rapporteur de la délégation des députés dits « de la troisième législature », évoque le besoin d’un véritable pacte social. Sympathique intention, mais combien de pactes ont été signés sur le sol congolais sans jamais voir le jour ? La promesse d’une « table ronde élargie » est séduisante, alors que l’histoire récente a montré que les tablettes de marbre où sont gravées les déclarations d’intention finissent souvent comme arrière-plan pour les jeux de pouvoir. Dans un pays durablement en quête d’identité, ces mots résonnent presque comme une farce tragique.
À l’opposé, Samuel Masambukidi, le chef de la délégation de l’Eglise lumière du Congo, prêche la nécessité d’une dynamique entrepreneuriale, un gouvernement qui doit travailler « en toute responsabilité » face aux défis sécuritaires. Mais qui sont ces hommes et femmes « dynamiques » qui ont déjà prouvé leur valeur dans ce contexte ? La défiance s’installe, car derrière chaque appel à la responsabilité, une question reste suspendue : canalisons-nous nos élites ou les transformons-nous en nouvelles figures d’un système usé ?
Et voilà que Junior Kudura, le jeune loup des arènes politiques, appelle à écarter le « poids politique » des critères de formation du gouvernement. Sa voix, fraîche dans ce concert de cacophonies, soulève un paradoxe fondamental. L’énergie du nationalisme, du patriotisme et de la moralité est-elle vraiment un meilleur baromètre que les réalités politiques ancrées ? En prônant une approche axée sur des indicateurs émotionnels plutôt que sur l’expérience ou les alliances, est-on plus proche d’un véritable changement ou simplement en train de rêver d’un idéal qui n’existe plus dans les rouages de notre société ?
La présence des différentes couches sociopolitiques, de la majorité parlementaire à la société civile, montre un semblant d’unité, mais à quel prix ? L’inclusivité chantée ici n’est-elle pas le masque d’un vieux système qui se réinvente pour mieux perdurer ? Le véritable défi est et reste cette alchimie entre les idéaux proclamés et la dure réalité du terrain, où la méfiance est aussi ancienne que le fleuve qui traverse la capitale.
À l’heure où chacun crie sur l’unité nationale, il serait pertinent de se rappeler que la solidarité ne peut pas se décréter. Elle se construit, se cultive, se bat. Alors que la menace rwandaise est évoquée comme un ennemi à contrer, on sent la fragilité d’une nation qui peine à définir ses propres héros. Qui sont ces « titans » que l’on attend pour diriger ? Sont-ce les mêmes qui ont historiquement trahi la confiance du peuple, ou cette nouvelle génération enfin prête à se battre pour son pays?
Peut-être que, dans cette quête de renouveau, l’attente d’un gouvernement d’Union nationale interroge lessi et la gestion des attentes. Vanité des hommes ou véritable anticipation d’un changement ? La situation semble plus douce-amère que jamais, oscillant entre espoir et scepticisme. Les Congolais doivent désormais se demander : sera-t-on témoin d’un tournant audacieux vers la véritable inclusivité ou d’un épisode supplémentaire à ajouter à la triste anthologie de promesses non tenues ?
Au cœur des tumultes du pouvoir, la question demeure, mordante : qui aura le courage de briser enfin le cycle de la trahison politique, et par quel moyen – plus de tables rondes ou de discours mous ? La réponse, hélas, reste suspendue.