**Poliomyélite à la Tshopo : Le Vaccin, Bon Ou Mauvais ?**
Ce jeudi, la province de la Tshopo se met en mode vaccination. La grande offensive contre la poliomyélite s’engage, avec l’ambition de mieux préserver les enfants. Près de 2,3 millions d’enfants de moins de 14 ans en ligne de mire. Tout semble ficelé : le gouverneur invite les parents à préparer leurs petits, les vaccinateurs sillonneront les rues, porte à porte, armés de leurs vaccins. Le message est clair : unissons nos efforts pour éradiquer cette maladie. Mais derrière ce tableau idyllique, les réalités de la vaccination ne sont pas toujours aussi simples.
En plein cœur de cette mobilisation, une question s’impose : qu’en est-il de la confiance des parents ? La vaccination, sur le papier, c’est la voie vers une meilleure santé. Dans les livres, la poliomyélite est une maladie redoutée, mais depuis quelques décennies, elle est vouée à disparaître grâce à des campagnes de vaccination massives. Pourtant, chez certains, une ombre persiste. Les rumeurs, les scepticismes, et parfois une bonne dose de méfiance envers les autorités, sont des freins puissants. Combien de parents hésiteront à ouvrir leur porte, le cœur battant, par peur d’un « vaccin suspect » ?
Regardons les chiffres. Dans certaines régions d’Afrique, des mouvements anti-vaccin ont pris de l’ampleur, alimentés par des croyances culturelles ou des rumeurs infondées. À quoi bon vacciner si la peur d’un effet secondaire l’emporte sur la promesse de la médecine ? À l’échelle mondiale, nous savons tous que le succès de la vaccination repose sur ce lien fragile entre la science, l’autorité, et le peuple. L’expérience du Congo en est une illustration : des campagnes précédentes ont enregistré des résultats mitigés, là où il aurait fallu crier victoire.
Et ne soyons pas dupes : derrière l’appel à l’unité de Paulin Lendongolia, se cache une pression psychologique. On doit s’engager. Mais qui écoute vraiment les craintes des parents ? Est-ce que ces voix, fracturées par le doute et le mépris, trouveront un écho dans cette campagne ?
Ajoutons un autre malaise, un non-dit omniprésent dans les initiatives de santé publique : le manque d’information claire et accessible. Les brochures sont-elles traduites dans les langues locales ? Pourquoi ne pas intégrer les leaders communautaires dans ces campagnes ? Ces acteurs ont une connaissance profonde des préoccupations de leur communauté et pourraient être des alliés précieux. Une approche descendante, comme celle-ci, ne s’apparente-t-elle pas à un ancien modèle colonisateur ? “Nous savons mieux que vous, écoutez et faites”.
En parlant de gouttes de vaccin, il est aussi juste de se poser la question sur l’avenir des enfants vaccinés. Les campagnes de vaccination ont certes réduit la prévalence de la poliomyélite, mais quel est le prix à payer en matière de confiance ? Et si ce vaccin entraînait une autre forme de dépendance, d’attente ? L’avenir étant incertain, les promesses de protection peuvent-elles réellement tenir sur le long terme ?
Le défi est colossal et la mobilisation nécessaire. Et si, derrière l’idée d’éradiquer la poliomyélite, se cache aussi une opportunité pour reconstruire la relation entre la médecine et la population ? En sortant des cabinets des ministères et en allant à la rencontre des gens – comprendre, écouter, puis informer – le vaccin pourrait devenir une célébration du vivant, une promesse partagée.
Alors, chers amis de la Tshopo, préparez vos enfants, mais n’oublions pas que la vaccination, ce n’est pas seulement une série de gouttes à faire couler. C’est un acte citoyen, une discussion. Écoutez, parlez, et osons combattre ensemble, non seulement la polio, mais le mépris ambiant qui peut surgir à chaque coin de rue.