Comment la reprise des opérations à la mine d’étain de Bisie pourrait-elle transformer l’avenir économique de la République Démocratique du Congo ?

**Renaissance Minérale : La Mine d’Étain de Bisie en RDC reprend du service**

Dans un contexte géopolitique troublé, la reprise des activités de la mine d’étain de Bisie par Alphamin Resources offre une lueur d
**Renaissance Minérale : La Reprise de la Mine d’Étain de Bisie en République Démocratique du Congo**

Le contexte géopolitique complexe de la République Démocratique du Congo (RDC) fait souvent la une des journaux, et pourtant, la résilience des acteurs économiques sur le terrain peut parfois être tout aussi remarquable, si ce n’est plus. C’est dans cette optique que l’annonce de la reprise progressive des activités de la mine d’étain de Bisie par Alphamin Resources mérite l’attention, tant par son contenu que par les implications qu’elle véhicule.

Rappelons d’abord les raisons qui ont conduit à une évacuation des employés à la mi-mars 2025, une mesure de sécurité face aux troubles insurrectionnels dans le district de Walikale. Il est essentiel de noter que la sécurité et l’économie sont souvent enchevêtrées en RDC, un pays qui, malgré ses immenses ressources naturelles, demeure fragile sur le plan de la gouvernance.

La déclaration d’Alphamin fait état d’une reprise d’activité, suite à un repositionnement des groupes armés vers les villes de Nyabiondo et Masisi, situées à plus de 130 km de la mine. Ce repositionnement, même s’il semble offrir un répit, ne s’effectue pas sans risques. Il incite à une réflexion sur la manière dont les entreprises peuvent naviguer dans un environnement instable. Le choix stratégique d’Alphamin de redéployer ses employés et de maintenir des services d’entretien et de logistique en continu témoigne d’une approche proactive, permettant d’atténuer les impacts économiques du retrait temporaire.

Au-delà des simples chiffres avancés dans le communiqué – 4.500 tonnes d’étain vendues entre janvier et avril 2025 – il est crucial de se pencher sur les implications économiques plus larges. En effet, le marché mondial de l’étain, souvent boutique de la volatilité, pourrait bénéficier de cette stabilité apparente qu’offre la reprise d’une mine d’une telle ampleur. Les analystes du secteur s’accordent à dire que la RDC représente près de 5% de la production mondiale d’étain, et la mine de Bisie en particulier est considérée comme l’une des plus riches du monde. Le retour à la normale pourrait donc contribuer à une certaine paix sociale, tout en renforçant les capacités d’exportation de l’État congolais.

Pour mettre cela en perspective, l’année 2023 a vu le prix de l’étain fluctuer autour de 30.000 USD la tonne. La reprise de la production à Bisie pourrait donc non seulement redynamiser l’économie locale, mais également offrir des revenus fiscaux non négligeables pour le gouvernement, qui pourrait les réinjecter dans des initiatives de développement.

Du point de vue opérationnel, ce redéploiement des travailleurs est une nécessité, mais il est également l’occasion d’adopter des pratiques professionnelles qui prennent en compte le développement durable. La RDC, avec sa biodiversité unique et sa richesse en ressources, pourrait tirer parti d’une exploitation minière plus responsable, en mettant l’accent sur la réduction des impacts environnementaux, une orthodoxie qui devrait devenir la norme plutôt que l’exception.

Enfin, la publication imminente des états financiers consolidés d’Alphamin est un moment crucial à surveiller. Cela pourrait donner un aperçu non seulement de la stabilité de la compagnie après une période troublée, mais également du potentiel de croissance face aux défis que pose un environnement d’exploitation difficile.

Ainsi, la question reste de savoir si ces progrès de surface prolongeront le statu quo ou s’ils sèmeront les graines d’un changement plus fondamental dans la façon dont l’exploitation des ressources est menée en RDC. Dans un pays où les cycles de l’économie sont souvent directement affectés par les réalités sociopolitiques, la reprise de la mine d’étain de Bisie pourrait bien être un pivot, non seulement pour Alphamin, mais également pour l’avenir de l’industrie minière dans la région, et par extension, pour le développement durable du pays.

Cette démarche de l’entreprise, au-delà de sa dimension économique, soulève ainsi des interrogations sur la gouvernance, la durabilité et les opportunités d’un avenir meilleur pour le peuple congolais. L’espoir est que cette reprise soit synonyme de paix et de prospérité, marquant une transition vers un équilibre salvateur entre exploitation des ressources et respect des droits humains. À suivre de près.

*Article publié sur Fatshimetrie.org*