Comment l’urbanisme désordonné de Kinshasa contribue-t-il aux inondations récurrentes et quelles solutions durables peuvent être envisagées ?

**Kinshasa : inondations et urbanisme en quête de solutions durables**

Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, fait face à une crise récurrente d’inondations, exacerbée par une urbanisation désordonnée. Les pluies torrentielles survenues en avril 2025 ont causé la mort de près de trente personnes, révélant la vulnérabilité d
### Kinshasa, entre inondations et urbanisme : un enjeu de survie

La ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, se débat une fois de plus dans les débris laissés par des inondations meurtrières. Les pluies torrentielles des nuits du 5 au 6 avril 2025 ont causé la mort de près de trente personnes, laissant derrière elles des quartiers submergés et des infrastructures paralysées. Ce tragique événement souligne non seulement la vulnérabilité des habitants face à des phénomènes climatiques extrêmes, mais pointe également du doigt une problématique plus vaste et plus structurante : l’urbanisation désordonnée de la capitale.

En effet, derrière ces images de désolation se cache un véritable enjeu de gestion du territoire. Comme l’a souligné l’urbaniste Joël Kyana Basila, l’absence d’une politique nationale cohérente en matière de logement et de planification spatiale contribue à l’exposition des populations les plus vulnérables. À Kinshasa, où la population a explosé, passant de 400 000 habitants à près de 20 millions en quelques décennies, la pression foncière exacerbe les défis liés à la gestion de l’eau et des sols.

### Les inondations à Kinshasa : un phénomène récurrent

Les inondations à Kinshasa ne sont pas un phénomène isolé. Historiquement, cette ville a été confrontée à des épisodes similaires, souvent accentués par des pluies saisonnières intenses. Selon des études menées par des climatologues, l’urbanisation sauvage et l’absence de systèmes efficaces de drainage augmentent la probabilité d’inondations. Les quartiers précaires, souvent construits sur des zones inondables, sont les plus touchés. Ces développements illégaux et souvent improvisés sont le fruit d’un besoin urgent de logements face à l’urbanisation rapide et à la pauvreté croissante.

Alors que des agences météorologiques comme Metelsat anticipaient des phénomènes météorologiques violents, peu d’efforts ont été faits pour informer ou prévenir les populations des risques. Ce manque d’anticipation s’inscrit dans un tableau plus large où l’information et la planification de l’espace semblent être reléguées au second plan.

### Une réponse gouvernementale inadaptée

L’émergence de ces catastrophes met en lumière un problème systémique : celui de la gouvernance urbaine. Le gouvernement congolais, en proie à des défis politiques et économiques, a souvent eu du mal à articuler une politique urbaine à long terme. Les interventions se limitent à des réponses d’urgence, souvent peu efficaces, sans jamais aborder les racines profondes du mal.

Pour remédier à cette situation, une vision intégrée et proactive est nécessaire. Cela passe par l’élaboration d’un cadre législatif clair qui régule l’accès au sol, encourage la construction dans des zones appropriées et renforce les infrastructures de drainage et de transport. À titre d’exemple, des pays comme le Ghana ou la Tanzanie, ayant fait face à des défis similaires, ont mis en place des systèmes de gestion des eaux pluviales destinés à réduire l’impact des inondations. Ces initiatives doivent être adaptées au contexte congolais, en prenant en compte les spécificités culturelles, sociales et économiques locales.

### Vers une politique nationale de logement

Au-delà des infrastructures, il est crucial de penser à une politique de logement digne pour tous. Chaque citoyen congolais mérite un toit sûr, adapté aux défis environnementaux. Cela implique non seulement la construction de logements abordables dans des zones sûres, mais aussi de renforcer l’accès aux services de base – eau potable, électricité, éducation et santé – ce qui pourrait diminuer considérablement la vulnérabilité des populations pauvres face aux catastrophes naturelles.

Sur cette lancée, des études relatives à l’urbanisation durable en Afrique suggèrent que la participation communautaire dans la planification urbaine pourrait également jouer un rôle crucial. Les habitants ont souvent une meilleure connaissance des réalités de leur environnement et pourraient ainsi contribuer activement à des solutions adaptées.

### Conclusion

L’avenir de Kinshasa et le bien-être de ses millions d’habitants dépendent d’un changement radical dans la façon dont la ville est conçue et gérée. Les inondations qui ravagent la ville sont bien plus que des calamités naturelles ; elles révèlent des enjeux de gouvernance, de pauvreté et de résilience. La mise en place d’une politique nationale de logement et d’aménagement urbain est cruciale. Un effort concerté est nécessaire pour outiller les populations face à la colère des éléments, afin de transformer Kinshasa d’une ville vulnérable en un espace urbain résilient et inclusif. Si ce défi est relevé avec courage et détermination, alors peut-être que les histoires tragiques des inondations de 2025 ne seront plus qu’un lointain souvenir.