Comment la réactivation des opérations de CADECO par le M23 redéfinit-elle les dynamiques économiques et politiques au Nord-Kivu ?

### CADECO et M23 : Quand la Finance se Heurte aux Dynamiques de Pouvoir au Nord-Kivu

Dans le chaos résiduel du Nord-Kivu, la Caisse générale d
### CADECO face au M23 : Quand la finance se heurte aux dynamiques de pouvoir dans l’Est du Congo

La situation dans la province du Nord-Kivu, marquée par une instabilité chronique et des conflits armés, connaît un nouveau chapitre dans son récit tumultueux de la guerre et de la paix. Dernièrement, la Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO) a exprimé son indignation face à la réactivation de ses activités bancaires par le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé qui défie les autorités de Kinshasa depuis plusieurs années. Ce développement soulève non seulement des questions d’ordre économique, mais également de légitimité politique et de contrôle territorial.

#### Une initiative contestée

Le week-end dernier, les rebelles du M23, qui sont élus par certains comme défenseurs des intérêts locaux, ont organisé une cérémonie à Goma pour annoncer la relance des opérations de la CADECO, une initiative perçue comme une tentative de consolidation de leur pouvoir par la mise en place d’un cadre financier parallèle. En fondant ce qu’ils appellent une « Autorité de régulation du secteur économique, financier et des assurances, » les rebelles cherchent à établir une sorte de banque centrale à Goma, une démarche qui apparaît aux yeux de la CADECO comme une manipulation économique ou encore une « occupation armée » déguisée en promesse d’un service public.

La réaction de la CADECO, qui exhorte au boycott de cette initiative, met en lumière l’impasse dans laquelle se trouvent les institutions financières congolaises face aux crises répétées. L’institution appelle non seulement à la préservation de la stabilité du système financier, mais aussi à l’urgence d’une intervention internationale pour rétablir l’ordre. Ce constat souligne une double réalité : d’une part, la fragilité des institutions nationales, et d’autre part, le vide de gouvernance qui pousse certains acteurs à s’ériger en autorités auto-proclamées.

#### Le contexte historique : un cycle sans fin

Pour apprécier pleinement l’ampleur du phénomène, il est crucial de prendre du recul et de considérer la longue histoire de conflits dans la région. Depuis la guerre du Congo (1998-2003), qui a impliqué plusieurs pays voisins et a entraîné la mort de millions de personnes, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est entré dans un cycle néfaste d’insécurité et d’économie informelle. Cette dynamique crée un terreau fertile pour l’émergence de groupes armés qui, en exploitant les ressources et en rendant des services là où l’État est absent, parviennent à gagner une forme de légitimité sur le terrain.

En 2021, une étude de la Banque mondiale a révélé que l’économie informelle représentait environ 85% de l’économie dans certaines provinces de l’Est, y compris le Nord-Kivu. Cela souligne comment les conflits de longue date ont affaibli les structures économiques officielles, rendant ainsi le pays vulnérable aux manipulations par des acteurs non étatiques.

#### La question de la légitimité

Le véritable enjeu de cette crise dépasse de loin la simple relance des activités bancaires. Il s’agit d’une lutte pour la légitimité entre l’État central et les autorités rebelles. Les responsables de la CADECO dénoncent une atteinte à la sécurité financière de leurs clients ; cependant, la raison fondamentale pour laquelle le M23 intéragit avec le système bancaire local repose sur l’illustre slogan « l’économie pour la paix. » Dans une région où l’autorité de l’État est remise en question, les groupes armés se présentent parfois comme les últimos recours de sécurité et de services pour des populations désespérées.

Les projections sur les flux de capitaux, qui sont difficiles à estimer précisement dans ce contexte troublé, illustrent aussi un point crucial : le manque de confiance dans le secteur bancaire classique pourrait amener les populations à se tourner vers ces nouvelles entités bancaires, tout en ignorant les risques associés à cette informalité financière.

#### Vers une solution soutenue par la communauté internationale

La CADECO a raison de s’inquiéter de l’impact de cette situation sur la sécurité financière des clients. Une telle initiative, même si elle est teintée de prétextes humanitaires, pourrait accroître l’effritement des services bancaires formels dans la région. L’importance d’un environnement financier stable ne peut être sous-estimée dans la reconstruction économique de l’Est de la RDC.

Pour éviter le scénario catastrophe d’un effondrement total de l’économie formelle, une réponse multi-niveaux est nécessaire. Cela implique l’engagement des acteurs de la communauté internationale non seulement pour la stabilisation sécuritaire, mais aussi pour encourager le retour et le soutien aux investissements dans les infrastructures financières.

Les discussions autour des appuis à la CADECO doivent renforcer les croyances locales en des institutions sérieuses, transparentes et efficaces, déployant la nécessité d’alliances stratégiques entre l’État, les acteurs de la société civile et le secteur privé.

#### Conclusion

En définitive, la juxtaposition entre le M23 et la CADECO illustre les tensions inhérentes entre l’autorité formelle et l’autorité illégitime dans des contextes de conflit. Si l’accent est mis sur une gestion rigoureuse des finances et sur une reconstruction des institutions, l’avenir du système économique du Nord-Kivu pourrait, éventuellement, ouvrir la voie à une paix durable. Toutefois, l’engagement et la vigilance des acteurs locaux, nationaux et internationaux continueront d’être la clé de voûte pour transformer cette crise en une opportunité de renouveau.