Comment la campagne électorale au Gabon révèle-t-elle l’apathie d’une démocratie sous influence militaire ?

### Gabon : Une Élection sous l
### Gabon : Une Élection Insipide à l’Épreuve des Transformations Politiques

Alors que le monde entier observe le Gabon à l’approche de l’élection présidentielle prévue pour le 12 avril, le climat politique singulier qui y règne semble plus celui d’un plébiscite que d’une réelle compétition démocratique. Avec Brice Clotaire Oligui Nguema comme figure centrale entourée d’une très faible présence d’opposition, le paysage électoral paraît dépeuplé, soulevant des interrogations sur la santé démocratique du pays.

#### Un Contexte Politique Évolutif

Depuis le coup d’État du 30 août 2023, le Gabon traverse une phase de transition inédite. Contrairement aux élections précédentes où l’opposition se battait pour renverser le régime en place, ce scrutin est marqué par une adhésion presque universelle au leader actuel, qui a su rassembler autour de lui une large part du spectre politique traditionnel. Lors des précédents scrutins de 2009, 2016 et 2023, l’atmosphère était électrique, voire conflictuel. Cette fois, la campagne semble se dérouler dans une ambiance désengagée où l’enthousiasme populaire est en berne.

La situation actuelle mériterait une comparaison avec d’autres pays de la région ayant connu des transitions politiques similaires. Par exemple, au cours des élections présidentielles au Mali et en Guinée, les institutions ont dû jongler avec des périodes d’instabilité postopérationnelle. Si ces élections ont été marquées par des transcendantaux et des mobilisations populaires, le Gabon apparait alors comme une anomalie où le calme préélectoral contraste avec des bouleversements politiques récents.

#### Une Campagne Paradoxale

Loin des discours virulents et des promesses flamboyantes qui animaient les campagnes de jadis, celle de 2024 se caractérise par un slogan unique et omniprésent : « C’est enfin notre essor vers la félicité ». Une formulation qui, tout en flatter le nationalisme et l’espoir, semble plus similaire à une ligne de conduite strictement personnelle qu’à un programme politique inclusif. L’affichage omniprésent de cette phrase suggère un monopole de la communication, laissant peu de place aux autres candidats. Cette saturation de l’affiche se lit comme une indication claire : la compétition électorale, en réalité, n’existe que sur le papier.

Les candidats rivaux se heurtent ainsi à des difficultés d’accès aux médias, ce qui complique leur capacité à faire entendre leur voix. En comparaison, dans des démocraties plus établies, comme celles de l’Europe occidentale, bien que des inégalités de ressources existent également, les plateformes médiatiques et les débats publics permettent généralement à plusieurs voix de s’exprimer. Au Gabon, la situation actuelle semble faire écho à des régimes autocratiques où l’opposition est étouffée dans l’œuf, et des rapports déséquilibrés compromettent l’égalité des chances.

#### Le Rapport à la Politique

Les citoyens gabonais semblent naviguer dans une mer de désillusion. Le fait que certains affirment ne pas ressentir la proximité d’élections imminentes souligne un détachement alarmant vis-à-vis d’un processus qui devrait normalement être imprégné de passion civique. Ce dédain peut s’expliquer par la mise en place d’un système où les élections sont considérées par beaucoup comme une formalité décourageante plutôt qu’une opportunité de changement.

On peut le relier à des études sur l’apathie politique qui montrent que lorsque les citoyens estiment que leurs voix n’ont pas d’impact, leur engagement politique et leur participation diminuent. Cette désaffection peut être aggravée par un manque de transparence et le sentiment d’absence de changement réel, comme c’est souvent le cas dans les régimes autoritaires. Ce phénomène entraîne une diminution de la confiance envers les institutions politiques et verso une quête désespérée de réformes significatives.

#### Regard vers l’Avenir

Alors que le Gabon se prépare à ses élections, la question demeure : comment ce climat apathique pourrait-il évoluer ? Au-delà de la simple élection, se profile un besoin pressant de réformes structurelles capables de restaurer la foi des citoyens dans leurs institutions et d’instaurer un véritable dialogue politique. Des observations antérieures suggèrent que des adaptations à la libre expression et à la pluralité des opinions sont des prérequis pour un développement durable de la démocratie.

Il est impératif que l’électorat prenne conscience de son pouvoir et s’engage activement au-delà des journées de vote. Les réseaux sociaux, qui ont permis à de nombreux mouvements citoyens d’émerger dans le monde, pourraient servir de tremplins pour amplifier les voix non entendues. Parallèlement, le rôle des organisations de la société civile sera crucial pour éduquer la population sur les enjeux électoraux et fédérer de nouvelles formes de participation.

En somme, les élections au Gabon illustrent un bouleversement complexe qui transcende la simple corrélation entre pouvoir et opposition. Le véritable défi réside non seulement dans la gestion de cette élection, mais plutôt dans la quête d’un renouveau politique et social qui redéfinisse le sens même de la démocratie au Gabon.